Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 mars 2015 1 02 /03 /mars /2015 15:08

Histoire de rattraper un peu de retard sur une actualité ciné plutôt chargée, je vais publier plusieurs critiques à peine plus courtes que d'habitude regroupée par deux ou trois.

 

 

 

      It Follows, de David Robert Mitchell

 

       La plupart des amateurs du genre le répètent, ces dernières années l’horreur au cinéma vit un peu sous perfusion. Beaucoup de jeunes réalisateurs arrivent à tirer leur épingle du jeu en direct-to-video, mais ça ne fait que souligner un gros problème de distribution. J’aurais rêvé de voir l’éminemment jouissif, généreux et inventif Wolf Creek 2 sur le grand écran, pour n’en citer qu’un. A part ça, les sorties horrifiques en salle sont partagées entre remakes, reboots, suites et autres found footages sur des sujets de plus en plus débiles, bref les surprises se font rares. Dans ces conditions, difficile de ne pas s’enthousiasmer quand un film d’horreur un peu ambitieux se voit distribué au cinéma.

 

 

       A l’inverse, j’ai aussi appris à me méfier un peu des critiques à ce niveau, qui encensent parfois à l’excès ce genre de films par faute de concurrence (il suffit de voir l’affiche, un peu racoleuse à ce niveau-là). Enfin, on ne juge pas un film sur l’affiche ou les critiques, donc passons. Dès l’intro, très réussie et bel hommage à Halloween, le réalisateur pose une ambiance lourde et menaçante, sans expliquer d’où vient le danger. Cela viendra un peu plus tard, sauf si vous avez lu le synopsis bien sûr. Je vais de toute façon en parler, car sans ça difficile d’élaborer sur le reste du film. L’idée, simple mais terrifiante, est qu’une entité vous poursuit et cherche à vous tuer si vous avez des relations sexuelles avec une personne déjà maudite/infectée (on ne sait pas d’où c’est parti mais on s’en fout). De plus, cette entité peut prendre la forme de n’importe qui, un inconnu comme un de vos proches. La seule façon de s’en débarrasser est de coucher avec quelqu’un d’autre, mais elle reviendra à vous si cette autre personne meurt.

 

      On remarque donc que les plus grosse influences du film sont des œuvres de John Carpenter, que le réalisateur semble tenir en haute estime. Halloween comme je le disais plus haut, pour les quartiers résidentiels, la saison, le plan-séquence d’introduction, l’entité lente mais indestructible. Il y a également un côté The Thing et Invasion Los Angeles dû au fait que cette entité puisse prendre l’apparence de n’importe qui, ce qui créé une parano constante des personnages poursuivis. Un héritage largement confirmé par la très bonne composition de Disasterpeace, qui fait écho à celles de Carpenter, et par la mise en scène, qui sait prendre son temps. Actuellement, on en arrive presque à dire qu’un film d’horreur s’annonce bien s’il ne mise pas sur les jumpscares comme seule façon de faire peur. Le film n’en est pas dénué, mais comme chez Carpenter (encore une fois), ils sont bien amenés et cohérents, pas juste là pour faire sursauter gratuitement.

 

      Si on a peur dans ce film, c’est bien parce que la parano s’installe dès le début, et qu’un rythme calme est fermement maintenu, jouant habilement avec les attentes du spectateur. Une chose est certaine, vous n’aurez jamais autant scruté les figurants au second plan que dans ce film. Une des scènes les plus tétanisantes du film voit apparaître un géant de plus de deux mètres dans l’encadrement d’une porte, sans aucune surenchère, pourtant vous risquez bien d’oublier de respirer pendant quelques secondes. On retourne en quelque sortes aux fondamentaux, pas seulement à ce qui a marché dans les années 80. Trop de films récents se sont pris les pieds dans l’hommage à cette décennie culte à beaucoup de niveaux, sans proposer quelque chose de personnel.

 

       Ici nous avons un petit groupe d’ados suffisamment bien définis pour les besoins de l’histoire, que l’on peut mettre dans des cases en restant en surface, mais qui se révèlent attachants au cours du film. Les archétypes existent de toute façon dans la vie, l’important c’est que les personnages soient crédibles, et ils le sont. C’est ce qui manque à trop de productions du genre, sans croire aux personnages, il peut bien se passer n’importe quoi, on ne sera pas impliqué. Le fait de choisir des ados en pleine découverte de la sexualité et de les confronter à cette menace évoque forcément le SIDA, là encore un sujet abordé indirectement dans beaucoup de films des années 80. Comme certains ont pu le faire remarquer, il semble étrange dans cette optique que l’on puisse s’en débarrasser en couchant avec quelqu’un d’autre. Ce serait oublier que le film a tendance à prouver le contraire, par les principes mêmes énoncés plus haut, on ne peut jamais totalement s’assurer d’en être débarrassé (et pourtant les personnages iront de plus en plus loin, par désespoir, pour trouver une solution).

 

      Voilà donc un film d’horreur nettement plus intelligent et sincère que ce que l’on peut voir en moyenne au cinéma, qui a aussi ses défauts comme un dernier acte pouvant céder à la facilité, mais il serait dommage de bouder son plaisir pour ça.

PS : le film n’est pas sexiste, ne vous laissez pas influencer par n’importe qui juste parce qu’il y a des jolis dessins.

 

7.5/10

 

 

 

      Jupiter Ascending, d'Andy et Lana Wachowski

      

       Pour tout vous dire, je ne sais plus trop comment me situer par rapport aux Wachowski. J’aime beaucoup Matrix premier du nom, mais j’ai un peu peur de le revoir. Les deux suites, ça part déjà pas mal en vrille. Je n’ai pas tellement aimé Cloud Atlas malgré son ambition, pour une tonne de raisons que je n’aborderai pas ici. Reste à voir Bound et Speed Racer qui, en fait, semblent être les plus à même de me plaire (un film plus « posé » et un délire total assumé). Du coup j’attendais ce Jupiter avec une certaine curiosité teintée de scepticisme (ou l’inverse), surtout après la bande-annonce.

 

 

       Et il n’y aura pas plus de surprise dans le film que dans ma critique, vu que l’on y retrouve tout ce que j’aime et n’aime pas chez les deux cinéastes. Ils ont toujours pour eux une incontestable générosité, une sincérité qui fait que l’on a envie d’y croire, de se laisser emporter dans leurs délires mixant toujours plus d’influences, pour le meilleur et pour le pire. Commençons par un des premiers problèmes du film, c’est qu’il a dû être réduit à deux heures, simplement parce que les producteurs n’avaient aucune envie d’investir des sommes colossales après les bides de Speed Racer et Cloud Atlas. On a donc un film qui en contient quasiment trois, et qui aurait pu durer quatre  ou cinq heures, voire être une mini-série. On se retrouve par conséquent avec un rythme totalement forcé et bourrin, sans jamais être effréné dans le bon sens du terme.

 

       L’introduction est peut-être l’exemple le plus parlant, avec une tonne d’infos qu’on nous balance à la figure, des personnages dont on comprend à peine les motivations et qu’on voit quelques minutes, avant de passer à autre chose. Même si ça se calme un peu après ça, il reste à subir un nombre conséquent de dialogues d’exposition, avec une Mila Kunis servant bien trop visiblement à poser les questions du spectateur, et Channing Tatum ou Sean Bean à expliquer longuement les tenants et les aboutissants du scénario. On a le sentiment que les Wachowski n’ont pas voulu laisser tomber trop de détails sur l’univers contenus dans le script de base, et ont cherché à tasser un maximum d’informations dans les deux heures, du coup on frôle l’overdose à plusieurs reprises. Difficile de croire à autant de lieux, de personnages et de concepts qu’on ne fait qu’évoquer au détour d’un dialogue, tout en ayant la sensation que le film ne nous offrira pas plus qu’un aperçu de l’univers déployé. Un peu comme si on essayer de comprendre ce que représente un puzzle en ayant une poignée de pièces devant nous, on pourra avoir une vague idée mais pas une vision claire de l’ensemble.

 

       Tout ceci est vraiment dommage, ce qui est montré est assez varié, les décors ont de la gueule, pas mal de plans spatiaux sont juste superbes, mais les efforts monumentaux déployés à ce niveau-là (en excusant quelques détails ratés) ne servent finalement qu’une histoire bien plate et décevante, pas aidée par des dialogues balourds à souhait. Je n’ai aucun problème avec le classicisme et la revisite de schémas bien rôdés comme celui de la princesse et de son chevalier blanc, quand ça dépasse la simple structure narrative. Ce n’est malheureusement pas le cas ici, la relation entre les deux évolue sans aucune surprise, et leur dynamique se résume à « la princesse se fout dans la merde toute seule, le chevalier déboule et la sauve dans un deus ex machina de toute beauté ». Au bout de trois ou quatre fois, c’est légèrement pénible. Surtout quand elle arrive à se faire avoir par des méchants aussi prévisibles et peu subtils que ceux du film.

 

       Malgré tous ces défauts, il reste évident que le bide annoncé du film peut être rageant comparé à d’autres blockbusters bien moins bons qui cartonnent à côté. Depuis Matrix, les Wachowski n’ont pas su rééditer l’exploit de proposer quelque chose de personnel qui attire suffisamment le public pour pouvoir financer sereinement leur prochain film, et du coup leur situation est loin de s’arranger. Mon avis sur eux n’a donc pas changé avec ce film, je reste curieux de voir quel sera leur prochain film mais sans trop y croire.

 

5/10

 

 

Arnaud

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : La dernière séance
  • : “If you're going to tell people the truth, be funny or they'll kill you.” Billy Wilder Rejoignez-nous sur Facebook et Twitter : https://www.facebook.com/LaDerniereSeanceBlog https://twitter.com/DerniereSeance1
  • Contact