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23 avril 2017 7 23 /04 /avril /2017 16:52

Vous devez vous en douter, nous étions censés vous livrer ce top en début d'année pour qu'il ait une certaine pertinence. C'était sans compter sur les aléas de la vie et autres impondérables, ainsi que notre ambition démesurée qui nous a poussé à vous proposer un podcast pour faire le top séries. Forcément, il a essuyé les pots cassés et il a fallu faire avec de multiples problèmes techniques, mais au moins nous sommes rodés pour vous en proposer d'autres si le format convainc !

C'est donc avec fierté (et beaucoup de retard) que nous vous présentons ce premier podcast ainsi que les tops 2016 des différentes rédacteurs du blog. Le tout est trié par ordre alphabétique, aucune crise d'ego de ma part.

 

 

 

 

 

Tops 2016 films et séries

Arnaud

 

  1. Les 8 salopards, de Quentin Tarantino

« Encore un western ? » pouvait-on penser à l’annonce du nouveau Tarantino : il semblait en effet étonnant qu’il ne poursuive pas son exploration des genres, surtout avec sa volonté réaffirmée de s’arrêter à dix réalisations. Un nouveau western, certes, mais un quasi huis-clos frôlant les 3h, dans un format de pellicule oublié, avec un casting de malade et dans la neige, il n’en fallait pas plus pour attendre un des meilleurs films de l’année. Et ça sera bien son seul défaut, sortir début janvier et mettre la barre un peu haut pour l’année, sinon que pourrais-je reprocher ? Tout au plus un ou deux dialogues qui auraient pu être un chouia dégraissés, sinon on tient un des meilleurs films de son auteur. Un concept simple et jouissif au croisement de Reservoir Dogs et The Thing (les références ne manquent pas, Morricone faisant parfaitement le lien entre ce film et le western), sur fond de rancœurs à peine dissimulées de la Guerre de Sécession, une mise en scène ample et millimétrée qui tire pleinement partie des lieux et de sa galerie de personnages peu recommandables, des dialogues parfaitement ciselés… La gestion de la tension montre que Tarantino ne se repose pas sur ses lauriers, il renouvelle au contraire sans cesse jusqu’à ces explosions de violence baroques dont il a le secret. Un film bien plus mature et intelligent que l’on aurait pu imaginer, qui ne peut que rendre curieux de voir comment le plus cinéphile des cinéastes actuels pourra conclure sa carrière.

 

  1. Ma vie de courgette, de Claude Barras

Les films d’animation français (de qualité) restent relativement rares, alors en stop motion, difficile de ne pas déborder d’enthousiasme. Je suis particulièrement friand de cette technique si complexe et minutieuse, qui m’a profondément marqué étant plus jeune avec les fameux Wallace et Gromit. Pour revenir à notre film français, il nous décrit sans pathos un orphelinat que va rejoindre le Courgette en question. Difficultés de l’enfance et de l’adolescence, perte, éducation, premiers amours, vie en communauté, exclusion, autant de sujets matures abordés sans détour et sans maladresse sur les 80 petites minutes de ce film. C’est d’ailleurs le seul reproche que j’ai à lui faire, tout est tellement réussi et passionnant que j’aurais bien prolongé la séance.

 

  1. Manchester by the Sea, de Kenneth Lonnergan

Qui a entendu parler de Margaret à sa sortie, ou même depuis ? Film maudit du réalisateur en question, qui a failli le dégoûter de son métier, devenu culte dans le cinéma indépendant américain, mérite d’être (re)découvert. Le sens de la dramaturgie et la direction d’acteurs m’avaient particulièrement convaincu, et on ne peut que se féliciter de son retour en force avec le présent film. Ici aussi, de nombreux sujets difficiles sont abordés (je ne dévoile rien) avec tact et pudeur, bénéficiant surtout d’une écriture brillante autant dans la construction de l’intrigue que dans le naturel des dialogues et la sincérité qui se dégage des personnages. Je n’ai personnellement pas vu le temps passer, bluffé entre autres par la performance de Casey Affleck. Un grand drame américain moderne, et la confirmation d’un cinéaste à suivre.

 

  1. Voyage à travers le cinéma français, de Bertrand Tavernier

Quand l’inénarrable Bertrand Tavernier piquer un concept à Scorsese pour parler cinéma français, il ne fait pas les choses à moitié. Des débuts du cinéma jusqu’à la Nouvelle Vague (à prolonger/compléter par une minisérie), le cinéaste met au service d’un documentaire fleuve sa verve, son humour et surtout sans culture de cinéphile insatiable. Plutôt qu’une simple histoire des grands moments comme on peut en voir tant ailleurs, il découpe son film en différentes parties qui s’imposent naturellement, telles que la composition de bande-son ou Jean Gabin. Un documentaire excessivement passionnant qui donne envie de découvrir tout un tas de films et de se cultiver un peu plus sur un cinéma national foisonnant que nous ne connaissons bien souvent que trop mal.

 

  1. Green Room, de Jeremy Saulnier

Pour moi de loin le film de genre de l’année passée ! J’avais déjà été largement convaincu du talent de Saulnier par son film précédent, le sombre Blue Ruin, et il confirme largement mes attentes. Un survival radical avec des punks, des néo-nazis et Patrick Stewart en méchant, comment pouvait-il en être autrement ? Alors oui on pourra dire que tout n’est pas parfait, qu’il y a tel raccourci ou telle facilité ici ou là, mais ce n’est pas moi qui m’arrêterait dessus quand on me propose quelque chose d’aussi généreux, jouissif et tétanisant. Au passage, RIP Anton Yelchin, ça me fera une bonne raison de revoir le film dans quelques années (mais merde, quand même).

 

  1. Ma Loute, de Bruno Dumont

Voir Bruno Dumont continuer dans la veine de P’tit Quinquin n’avait rien d’un problème pour moi, surtout avec la venue d’un certain Fabrice Luchini. Dès le début, entre le pittoresque acclamé de la région et l’extase affichée devant une certaine glycine, je tenais deux des répliques les plus drôles du cinéma français récent. Ajoutons à cela une famille de bourgeois au bord de la crise de nerfs, des locaux pas si accueillants, un nouveau duo de policiers hilarant, une intrigue étirée à l’envi qui ne se refuse aucune digression, et on tient bien une comédie qui ne peut pas plaire à tout le monde mais revendique une singularité des plus attachantes.

 

  1. La loi de la jungle, d’Antonin Peretjatko

Deux comédies françaises de qualité la même année dans mon top 10, serait-ce une erreur ? Et non, Peretjatko lui aussi confirme après sa Fille du 14 juillet qu’il va falloir compter sur lui et son univers de doux rêveur déjanté, toujours en léger décalage avec la réalité mais pas trop. Les stages à n’en plus finir, l’administration qui n’a aucun sens, les agences « Génération Intérim », les projets abscons, il y a toujours quelque chose dans son absurde qui nous ramène subtilement à la réalité, même en pleine jungle guyanaise. Et surtout, il y a Guillaume Macaigne et Vimala Pons.

 

  1. The Strangers, de Na Hong-jin

Ayant adoré The Chaser, je ne pouvais qu’attendre le nouveau film de Na Hong-jin, avec ses excellentes critiques et ses 2h36 de policier dérivant vers le fantastique. C’est un long-métrage épique et surtout bordélique qu’il nous propose, ce qui semble être intentionnel même si je suis loin d’avoir tout compris, je l’admets. Ceci n’empêche pas d’être scotché, loin de là, par autant de générosité dans tous les genres abordés, avec une mention spéciale pour des scènes de poursuites et de tension à couper le souffle, ainsi qu’un certain exorcisme d’une intensité éreintante. Loin d’être parfait lui aussi, mais hautement recommandable.

 

  1. Premier Contact, de Denis Villeneuve

Après avoir traité la violence et la névrose sous de multiples formes, Villeneuve prend de la hauteur et adapte une nouvelle abordant – enfin – l’arrivée d’aliens sur Terre sous la forme d’une recherche de communication et d’échange plutôt que d’invasion destructrice. Le tout est pour le moins rafraichissant, avec toujours sa gestion admirable de la tension et de l’attente. Tout juste quelques petits reproches qui peuvent être faits au niveau de l’écriture, mais je me suis laissé emporter par cette œuvre qui, espérons-le, augure du meilleur pour la suite que notre cher canadien apporte à Blade Runner.

 

  1.  Nocturama, de Bertrand Bonello

Le réalisateur du très bon L’apollonide qui adapte du Bret Easton Ellis, voilà qui avait de quoi me donner des frissons. Il est malheureusement difficile de parler de ce film sans trop en dévoiler l’intrigue, ce qui jouerait contre lui. Il faut pourtant le défendre car les films français ambitieux comme celui-ci manquent, et il a connu un échec assez cuisant en salles. Sachez que c’est un film lent, intriguant, dérangeant, qui ne pouvait prendre toute son ampleur que sur le grand écran mais pour lequel il était difficile de faire de la publicité. La bande-annonce était à mon humble avis très maline pour donner envie de le voir sans rien dévoiler, mais ça n’a pas suffi. Je me rends compte, autant de mois après, que c’est le genre de film dont je garde un souvenir précis de l’impression qu’il m’a faite, mais dont je ne suis pas capable de parler aisément (la conclusion n’y est pas étrangère).

 

 

 

Tops 2016 films et séries

Martin

 

  1. The Assassin, de Hou Hsiao-Hsien

Ma grosse claque cinéphilique de l’année, c’était donc le dernier Hou Hsiao-Hsien. Inutile de chercher à comprendre les tenants et aboutissants de cette histoire de trahisons et de politique en pleine Chine médiévale, le film est avant tout un manifeste esthétique sans précédent. Le cinéaste pousse l’art de l’image à son paroxysme, chacun de ses plans est composé et photographié avec une extrême minutie, et parvient surtout à créer un vrai rythme, lancinant, presque hypnotique pour peu qu’on accepte de s’y plonger, entrecoupé de très brèves brèves montées d’intensité. L’expérience est unique, presque impossible à décrire. The Assassin, c’est aussi le plus beau personnage de l’année : Yin Niang incarnée par la belle Shu Qi, ou la tueuse dont la technique parfaite sera à jamais handicapée par l’humanité de ses sentiments.

 

  1. La Tortue Rouge, de Michael Dudok de Wit

2016 fut une très grosse année en terme d’animation, et ma palme du domaine revient à La Tortue Roue, premier long-métrage de Michael Dudok de Wit. Le film prend la forme d’un conte, qui part d’une relativement banale histoire de survie sur une île déserte avant de se transformer en véritable chronique sur la vie et l’existence. L’approche de Dudok de Wit m’a touché par son épure, le choix de renoncer à tout dialogue, à toute volonté de contextualiser son histoire pour lui donner une portée universelle. L’émotion n’en est que plus palpable qu’elle se lit sur les seuls visages des personnages, qu’elle n’est pas transmise par la parole mais par la seule force de l’animation, de la musique (très belle, d’autant plus qu’elle n’est pas omniprésente et laisse souvent le silence s’exprimer).

Le cinéaste semble tirer le meilleur parti de ses influences, celle du studio Ghibli et d’Isao Takahata (consultant sur le film) de laquelle certaines séquences oniriques puisent toute leur essence, mais aussi le dessin européen, comme l’atteste l’animation et les traits des personnages directement empruntés à Hergé. 

 

  1. Les Huit Salopards, de Quentin Tarantino

Le dernier Tarantino a divisé, plus que d’habitude pour le cinéaste. Pourtant, derrière la poussée au paroxysme de ses tics habituels (dialogues à rallonge, montées de tension insoutenables suivies d’explosions de violence exacerbée), le réalisateur continue à penser son cinéma et livre un de ses films les plus radicaux. La situation confinée de son western lui permet de tirer le meilleur de ses personnages et de son excellent casting : chaque ligne de dialogue a un sens et participe à la construction d’un propos sur la paranoïa et le mensonge au cœur de l’Amérique post-guerre de Sécession. Une sorte d’antithèse de l’héroïsme de Django Unchained, sublimée par une mise en scène plus précise que jamais, aussi brillante pour filmer les éclats de violence et les vastes paysages enneigés que les simples dialogues. Ce n’est pas mon Tarantino préféré mais c’est peut-être son meilleur.

 

  1. Ma Vie de Courgette, de Claude Barras

Le cinéma d’animation français aura vécu de fort beaux moments en 2016, comme l’atteste cette petite pépite du stop-motion, premier long-métrage de Claude Barras. Malgré sa direction artistique colorée et les traits ronds de ses personnages, Ma Vie de Courgette traite d’un sujet assez dur : celui de l’abandon tel que vécu par une bande d’enfants vivant dans un orphelinat. Le film ne prend pas spécialement de pincettes et ose aborder ses thématiques frontalement mais sans toutefois tomber dans les travers du mélodrame larmoyant.

Tout le récit est vécu à travers l’œil de l’enfant, ce qui lui donne sans doute sa grande force émotionnelle, tant la naïveté contraste merveilleusement avec les situations parfois insoutenables vécues par cette bande de mômes. Court, très simple dans sa narration, Ma Vie de Courgette n’a pas l’air de grand-chose mais reste sans doute l’un des chocs émotionnels de cette année pour moi.

 

  1. Premier Contact, de Denis Villeneuve

On est un peu en manque de grande SF ces temps-ci au cinéma, c’est pourquoi c’est d’autant plus enthousiasmant quand un réalisateur confirmé comme Denis Villeneuve choisit de s’y consacrer. Premier Contact revisite le schéma du film de prise de contact avec une entité extraterrestre et parvient à tirer le meilleur de ses illustres influences (de Spielberg à Kubrick en passant par Robert Wise) tout en prenant une forme propre. Remarquablement mis en scène, le film se distingue par sa gestion millimétrée de la tension, de l’appréhension du fameux contact et son jeu habile sur l’antispectaculaire. Une vraie leçon.

Ce qui lui donne une vraie portée émotionnelle, c’est d’adopter tout du long le point de vue du personnage d’Amy Adams, qui rend toute sa consistance et son humanité au récit. Ainsi, même si certains éléments du scénario, et notamment la résolution de l’intrigue, peuvent paraître un peu gros, tout fonctionne à merveille parce que traité sous un angle intime et sensible. De quoi à la fois en faire un des plus beaux films du cinéaste et l’un des meilleurs films de SF récents tout en augurant du meilleur pour la suite de Blade Runner, prévue dès la fin de cette année.

 

  1. An - Les Délices de Tokyo, de Naomi Kawase

La sucrerie douce-amère de l’année. Naomi Kawase met son style très épuré au service d’une forme de récit plus conventionnelle que par le passé, mais c’est ce qui fait sa force quelque part. Difficile de rester de marbre devant cette relation entre un vendeur de dorayaki (pâtisserie japonaise à base de pâte aux haricots rouges) maussade et lessivé et une vieille femme aux dons de cuisine prodigieux.

S’il y a bien sûr le plaisir des scènes de préparation culinaire, minutieuses et appétissantes, le vrai intérêt du film est ailleurs. A travers ses deux personnages et leur rapport au monde, Kawase tisse une vraie fable sur l’exclusion et ceux qui vivent en marge de la société. Parfois assez triste, rempli de nostalgie, Les Délices de Tokyo est traversé par l’amour de la réalisatrice pour ses personnages et sa manière, toujours très brute, de filmer l’élément naturel.

 

  1. Nocturama, de Bertrand Bonello

Une bande de jeunes commettant des attentats à Paris, c’est un peu l’archétype du sujet de film à double tranchant. Bertrand Bonello parvient à déjouer les pièges qui auraient pu se poser à lui : en déconnectant son film de tout événement réel, en laissant volontairement floues les motivations des “terroristes”, il évite de se cantonner à la simple chronique d’évènement polémique et donne à son propos une portée intemporelle. Nocturama, c’est avant tout l’histoire d’une jeunesse perdue, désespérée, dont la seule possibilité d’appel à l’aide réside dans la violence.

Si j’aime beaucoup toute la première partie, construite comme un thriller extrêmement minutieux, c’est réellement dans sa deuxième heure que le film prend toute sa dimension, en se muant en errance nocturne au milieu d’une galerie marchande déserte. Le film se fait plus onirique, plus symbolique aussi (l’idée de jeunes révoltés contre la société réfugiés dans un temple de la consommation parle d’elle-même) et encore plus fascinante, avant de se terminer par ce qui est probablement la fin de film la plus glaçante de cette année.

 

  1. Le Garçon et la Bête, de Mamoru Hosada

N’ayant pas eu l’occasion de voir Your Name, c’est sans doute le dernier Hosoda qui figurera au sommet de mon panthéon de films d’animation japonais cette année. Après la réussite des Enfants Loups, le réalisateur se penche à nouveau sur la thématique de la parentalité et interroge les limites des liens du sang en mettant en scène une touchante relation de père à fils adoptif. Le fantastique est une nouvelle fois utilisé non pas comme une fin en soi mais comme un moyen d’illustrer par la métaphore les tiraillements liés à l’enfance, ici ceux d’un jeune garçon pris d’hésitation entre son monde d’origine (celui des hommes) et son monde d’adoption (celui des bêtes).

Beaucoup plus orienté vers l’émotion que l’action, le film bénéficie du talent habituel de Hosoda, capable d’exacerber les sentiments dans de grandes envolées de mise en scène comme d’exprimer des idées à travers de simples plans fixes à l’animation minimaliste. Je n’ai finalement pas grand chose à lui reprocher à part le recours aux CGI un peu trop appuyé et un dernier acte moins subtil que le reste.

 

  1. Ma Loute, de Bruno Dumont

Bruno Dumont a décidément bien fait de réorienter sa carrière vers la comédie. Après l’excellent P’tit Quinquin (qui n’avait de série que le format de diffusion), il continue son exploration du genre de manière surprenante avec Ma Loute. L’humour de Dumont dépasse son simple sens du gag, de la réplique qui fait mouche, pour élaborer un vrai univers de cinéma fondé sur l’absurde et l’extravagance. D’ailleurs, malgré de véritables fou-rires, le ton n’est jamais trop léger, il y a toujours un côté très cru dans sa manière de mettre en scène. On ne sait jamais trop à quel moment il faut rire franchement, être ému, effrayé ou juste regarder avec distance l’étrange spectacle qui se déroule sous nos yeux.

Ce sont surtout ses personnages qui marquent l’esprit, entre un chef de police véritable qui est un personnage de cartoon vivant et des bourgeois hystériques et pathétiques (Juliette Binoche et Fabrice Luchini sont impériaux). J’ajouterais également une histoire d’amour profondément belle et pourtant pleine d'ambiguïté, comme Dumont sait si bien les filmer. Probablement pas son meilleur film mais assurément son plus délirant et entraînant, pour peu qu’on se laisse happer par ce ton si particulier.

 

  1. Toni Erdmann, de Maren Ade

Toni Erdmann fait partie de ces films qui ne me faisaient pas spécialement envie en entrant dans la salle et qui finissent dans mes coups de coeur de l’année. Cette chronique d’une relation père/fille tumultueuse marque avant tout par la justesse de son traitement. Maren Ade écrit et filme son sujet avec énormément de naturel, fait durer les scènes le temps qu’il faut et évite de plomber son propos avec des artifices trop évidents. Elle mélange subtilement le drame et la comédie, développant un sens de l’absurde et du surréalisme qui n’entrave jamais toute la puissance dramatique de l’oeuvre.

Difficile de ne pas être ému par ce rapport filial houleux, entre un père décalé et maladroit dans ses tentatives d’humour potache et une fille à la vie de femme d’affaire très (trop ?) bien rangée. D’autant plus que le duo principal formé par Peter Simonischek et Sandra Hüller est d’une justesse folle.

 

 

 

Tops 2016 films et séries

Olivier

 

  1. Les Huit Salopards, de Quentin Tarantino

Au sommet en 2016, comme en 2014 avec Django Unchained, Quentin Tarantino et ses Huit Salopards. Huis clos glacé entre des énergumènes tous plus inquiétants les uns que les autres sur fond d’ambiance post-guerre de sécession propice à tous les règlements de compte. Tarantino maîtrise totalement son film et je me range du côté de ceux qui parlent d’un vrai film de la maturité pour le réalisateur américain. La photo est sublime et la mise en scène parfaite alors qu’on pouvait craindre l’étouffement. Les éruptions de violence sont aussi rares que jouissives et le casting est au diapason de cette œuvre singulière, avec une mention spéciale pour Jennifer Jason Leigh, qui se métamorphose littéralement au fur et à mesure du film. C’est pour moi très clairement le film de l’année 2016.

 

  1. Manchester By The Sea, de Kenneth Lonnergan

Sorti à la toute fin de l'année 2016, le drame américain interprété par un extraordinaire Casey Affleck, littéralement habité et récompensé comme il se doit par l’Oscar du meilleur acteur, a marqué les fêtes de fin d'année de sa triste emprunte. Un film bouleversant se situant en grande partie dans la ville de Manchester-by-the-sea, Massachussetts. La beauté glacée de cette ville de bord de mer fait écho à la tristesse qu'on peut lire dans les yeux de la plupart des personnages de ce magnifique drame. Impossible de parler du scénario sans en dévoiler trop, le mieux est donc d'aller (re)voir ce grand film.

 

  1. Nocturama, de Bertrand Bonello

Le très décrié Nocturama se trouve en troisième position de mon top 2016. Ce film en deux parties a effectivement fait couler beaucoup d’encre et a essuyé de nombreuses critiques. En cause son thème principal trop proche de l’actualité dramatique de notre pays et surtout la distance et le « manque de point de vue et de jugement » de la part de Bertrand Bonello. C’est au contraire ce caractère universel d’une révolte qui ne dit pas son nom qui m’a plu ici. Outre les qualités indiscutables de mise en scène, allant du métro (la ligne 13 !) à la galerie commerciale vidée de ses occupants habituels, le propos m’a énormément intéressé. Et le raisonnement qu’il a avec les horreurs survenus en France ces dernières années ne le rend que plus intéressant.

 

  1. Midnight Special, de Jeff Nichols

On retrouve au pied du podium un de mes réalisateurs préférés, Jeff Nichols avec son film de science-fiction Midnight Special. Michael Shannon, l’acteur fétiche de Nichols, est encore une fois brillant en père dévoué à son étrange fils. Difficile de parler de ce film sans trop en dire, mais j’ai encore en tête des longues séquences nocturnes sur une route filant à perte de vue, des jets de lumière dans la nuit, une Kirsten Dunst tout en tristesse résignée et une ambiance ensorcelante. Jeff Nichols ne cesse décidément de m’épater, années après années.

 

  1. The Assassin, de Hou Hsiao Hsien

Première rencontre avec Hou Hsiao Hsien et première claque. Un film exigeant, très lent et contemplatif, avec quelques éclairs de violence et d’action. Ces scènes sont rares et soudaines, ce qui les rend d’autant plus précieuses. Certains reprochent au scénario d’être incompréhensible pour les spectateurs ne connaissant pas l’histoire chinoise du XIème siècle, mais l’intérêt du film n’est pas dans ces détails de dynastie. Tout est dans l’art du réalisateur à nous faire vivre les complots de la cour, la caméra caressant littéralement les grands voiles qui forment les appartements des protagonistes. A voir et à revoir.

 

  1. Captain Fantastic, de Matt Ross

Viggo Mortensen incarne un père, vivant dans la forêt avec sa famille dans un mode de vie qu’on peut qualifier d’alternatif. Il impose une éducation particulière à ses enfants, mélange de philosophie, d’histoire et de leçons de survie, afin d’être prêt à affronter la vie en toute circonstance. Une éducation que ne renierait d'ailleurs pas le personnage d’Adèle Haenel dans Les Combattants. Une tragédie va frapper cette petite société et forcer le père à prendre la route et ainsi nous faire parcourir le monde moderne et capitaliste et ses zones commerciales décidément toutes identiques. Le personnage du père n’est pas irréprochable car, malgré ses aspirations clairement libertaires, il impose tout de même à sa famille une façon de vivre bien précise et rigoureuse. Ces questions morales jalonnent le film, et c’est avec un immense plaisir que j’ai fait un petit bout de chemin avec cette famille pas tout à fait comme les autres.

 

  1. An - Les Délices de Tokyo, de Naomi Kawase

Un cuisinier désabusé confectionne et vend des dorayaki, des pâtisseries japonaises en forme de petits beignets et fourrés à une pâte de haricot rouge. L’enveloppe est faite main mais il utilise de la pâte de haricot industrielle ce qui rend ses dorayaki très quelconques. Un jour, une petite dame de plus de 70 ans se présente pour répondre pour l’offre d’emploi proposée. Peu importe le salaire, elle veut travailler et ce malgré la déformation de ses mains et son âge avancé. C’est sur cette rencontre que se lance le film, véritable gourmandise japonaise d’une grande douceur. Le film rend hommage au travail bien fait, à la cuisine en particulier, en prenant son temps et en respectant les produits, les gens, bref la vie et le monde. Un très beau film qui apporte du réconfort et de la sérénité et qui semble être presque hors du temps.

 

  1. Ma vie de Courgette, de Claude Barras

Retour de l’animation dans ce Top avec la pépite Ma vie de Courgette. Ce film très court (certains diront même trop court) avait fait grand bruit à Cannes allant jusqu’à emporter le Prix du Jury Un Certain Regard. On accompagne Courgette dans sa découverte d’un petit foyer pour enfants occupé par des petits tous plus attachants les uns que les autres. Leur vie est d’autant plus intéressante et précieuse que chacun a connu un début d’enfance difficile et unique (mort d’un parent, abus, …). La noirceur des causes ayant conduit les enfants dans ce foyer contraste avec le charme des marionnettes et permet à certains scènes au premier abord simple (un repas à la cantine, une boum en classe de neige) d’irradier de lumière. Un vrai coup de cœur à partager avec les petits et les grands.

 

  1. Ma Loute, de Brunot Dumont

C’est le premier film de Brunot Dumont que j’ai vu et je n’ai pas été déçu. Si plusieurs critiques ont émis des réserves lors du festival de Cannes, j’ai été pour ma part totalement séduit par cette farce grotesque et horrifique sous certains aspects. Quel régal de voir Valeria Bruni Tedeschi s’extasier sur le Nord et ses travailleurs si « pittoresques », ses dentelles et froufrous malmenés par le vent. Ou encore Fabrice Luchini, dans un rôle de grand bourgeois bossu et s’extasiant tout autant du panorama que de sa « glyciiiine ». L’horreur est également présente dans le film et est contrebalancée par l’histoire entre Ma Loute et Billie Van Peteghem, énigme romantique s’il en est et magnifiquement portée par Raph, l’interprète androgyne de Billie. Un régal.

 

  1. La Tortue Rouge, de Michael Dudok de Wit

On conclut ce top 10 de l’année 2016 par La Tortue Rouge, le superbe film d’animation de Michael Dudok de Wit, un projet lancé il y a dix ans déjà. Véritable poème visuel, le film nous emmène avec douceur à réfléchir au temps qui passe, à notre place dans la nature et plus globalement au sens de la vie. L’image épurée du film, sublime, est accompagnée d’une musique envoutante et émouvante qui m’a littéralement transporté. Le film ne contenant aucun dialogue, tout passe par les regards et les gestes, laissant au spectateur la liberté d’apprécier les situations émouvantes, comiques ou dramatiques et de les interpréter comme bon lui semble. On pense évidemment à Robinson Crusoé, mais Dudok de Wit nous entraine loin du film de survie, allant plutôt vers le fantastique et l’onirique. Sublime.

 

 

 

Tops 2016 films et séries

Robin

 

  1. The Neon Demon, de Nicolas Winding Refn

Un film qui a indéniablement divisé, mais jamais dans la nuance, entre d’un côté une kyrielle d’adorateurs fanatiques, et de l’autre une meute de réfractaires fatigués par les scories stylistiques d’un auteur sans complexes, qui donne vie à ses obsessions personnelles de façon toujours un peu plus appuyée, extravagante extatique, débordante… Au risque de l’indigestion. Je me range humblement dans la première catégorie, ne cachant pas mon admiration profonde pour un film-ovni tout à fait unique qui, si la qualité d’une oeuvre ne doit être évaluée que sous l’angle de la cohérence absolue entre un contenu thématique précis et une forme enveloppante qui l’épouse de la plus naturelle et évidente des manières, atteint ici un idéal de perfection cinématographique absolu.

 

  1. La Tortue rouge, de Michael Dudok de Wit

Aux antipodes du premier film cité, le coup de crayon minimaliste et épuré de de Wit, à la puissance d’évocation paradoxalement monumentale, saisit la Vie avec un grand V, pleine de grâce et de plénitude dans sa plus bouleversante simplicité, et la retranscrit avec une expressivité graphique sans précédent. Le chef-d’oeuvre animé de l’année.

 

  1. Le Garçon et la Bête, de Mamoru Hosada

Absolu coup de maître de la part d’Hosada, qui réussit le doublé : aussi grandiose dans l’intime (la thématique de la filiation, déjà présente dans Les Enfants Loups, y est traitée avec une sensibilité intacte) que raffiné dans le spectaculaire (la palette chamarrée de couleurs et la chorégraphie des combats éblouissent), Le Garçon et la Bête est une régalade bien typée que seuls les animateurs prodiges du pays du soleil levant sont en mesure d’offrir.

 

  1. Les Huit Salopards, de Quentin Tarantino

Bien que le grand Quentin nous offre une fois encore un précis de réalisation millimétrée, en témoigne ce jeu constant et d’une ingéniosité folle sur les avants et arrières plans, définissant visuellement les rapports de force entre antagonistes en présence, ainsi que son sens inné du dialogue ininterrompu, Les Huit Salopards est une réussite quoi doit également beaucoup à différents artistes que l’on retrouve avec un plaisir non-consommé. Citons pêle-mêle : Samuel L. Jackson, qu’on a pas vu aussi vivant et explosif depuis Pulp Fiction, Morricone, qui manie ici la dissonance et le lancinant avec l’assurance d’un vieux maître, et enfin Rob Richardson, avec son format 70mm peu répandu de nos jours qui donne à l’esthétique du film toute l’ampleur qu’elle mérite. Un western à huit-clos imparable, anxiogène et violent.

 

  1. Batman v Superman : version longue, de Zack Snyder

Peut-être va-t-on m’insulter, me calomnier, me traîner dans la boue, me vilipender ou me lyncher sur la place publique pour le choix de ce film, qui plus est en cinquième position. Mais qu’importe, la cinéphile n’est pas objective et il est tout à fait louable de défendre une oeuvre que l’on a pu (énormément) apprécier malgré un consensus critique presque unanimement défavorable. Dawn of Justice et Snyder, c’est un peu le “ça passe ou ça casse” du film de super-héros. Mais quoi qu’on en dise, ce cinéaste ose des choses, prend des risques, et s’affirme avec un style personnel qui pourra soit provoquer des nausées, soit susciter l’admiration. J’ai personnellement adhéré à ce caractère de démesure ténébreuse apposé aussi bien aux personnages (un Batman plus violent, déterminé et douteux que jamais, incarné par un Affleck impeccable, opposé à un Superman aussi anti-héroïque et fatigué que son opposant) qu’à la mise en scène qui se distingue de la platitude lisse et sans âme propre aux confrères Avengers. Et confère, comme le faisait si bien Watchmen, une allure de grande élégie funèbre à ces figures mythiques qui, écrasées par leurs dilemmes moraux insolubles et terriblement humains, n’ont au final d'exceptionnel et extravagant que leur costume.

 

  1. Toni Erdmann, de Maren Ade

Avec des partis pris qui rappellent fortement ceux d’un Abdellatif Kechiche (naturalisme de l'interprétation, distension extrême de la durée des scènes afin de laisser la tension dramatique et l’émotion se créer d’elles-mêmes, prépondérance du “moment de vie” sur la “scène” classique dont la fonction est d’annoncer la suivante selon une ligne directrice précise), la réalisatrice allemande nous sert LE grand film cannois de l’année, qui nous laisse KO d’émotion devant le spectacle, tour à tour tendre et cynique, de cet affrontement psychologique entre un père clownesque et sa fille psychorigide.

 

  1. Spotlight, de Tom McCarthy

Spotlight, film de reporters profondément “seventies” et digne héritier des Hommes du Président, en reprend la même sobriété et livre une enquête passionnante sur un scandale réel de pédophilie cléricale récent, faisant rimer divertissement de haut vol et absence d’esbroufe. Son script, bien que très classique en termes de construction narrative, de twists et de rebondissements, propose néanmoins une écriture solide, pas avare de touches d’humour bienvenues qui viennent alléger le sérieux et la gravité du sujet, et qui présente également le mérite notable de clarifier les enjeux des grands événements socio-politiques dont il traite, là où bon nombre de films historiques et d’investigation journalistique perdent leur spectateur dans un amas chaotique d’informations et se révèlent par conséquent inutilement complexes. L’on mentionnera, cerise sur le gâteau, une interprétation d’ensemble d’une solidité à toute épreuve, dominée par un Michael Keaton définitivement ressuscité.

 

  1. Ma vie de Courgette, de David Barras

Pour son premier long métrage, Claude Barras filme le sentiment de l’enfance, indomptable jusque dans l’ombre. Une ligne claire à la fantaisie douce-amère, teintée de génie. A l’instar de la Tortue susmentionnée, Ma vie de Courgette raconte une histoire simple et universelle dans un geste chargé d’épure et nous touche droit au coeur avec un sujet très difficile, sans jamais tomber dans la sensiblerie.

 

  1. Ave, César !, de Joel Coen et Ethan Coen

Le dernier né des Coen, bien loin de l’approche tragique et acide de grands classiques “d’Hollywood sur Hollywood” (Sunset Boulevard, Les Ensorcelés), revêt la parure de l’hommage joyeusement foutraque, caustique et parodique, mais jamais cynique et non dénué d’une certaine tendresse à l’encontre de ses personnages d’une part, à celle des grands genres canoniques de l’âge d’or d’autre part. Bien moins léger et superficiel qu’il ne paraît malgré une richesse pas aussi affichée que leurs tout grands films, Hail, Caesar ! est une comédie absolument drôle (les deux termes ne vont pas toujours de pair), totalement dénuée d’ambition politique ou philosophique et qui n’a d’autre prétention que de déposer délicatement et en toute innocence un petit bonbon acidulé sur la langue de son spectateur. Une menue friandise est parfois préférable à un plat de résistance costaud, elle est plus facile à digérer et lorsqu'elle passe si facilement, l’on aurait tort de s’en priver. La cure de jouvence de cette année écoulée.

 

  1. Elle, de Paul Verhoeven

Paul Verhoeven n’est pas là pour nous choyer. C’est un fait. Et ce n’est pas Elle qui viendra l’infirmer. Plus que jamais, le cinéaste hollandais se fiche éperdument de proposer une oeuvre de laquelle on ressortirait avec une vision bienveillante et positive de la vie. Son cinéma est une expérience du trouble, du malaise, de la remise en question perpétuelle de ce qui est donné pour dit et surtout acquis. Dans Elle, il appréhende un monde social synonyme d’apparat, d’ordonnance et de convenances fallacieuses, pour mieux le fissurer de l’intérieur et en extirper toute l’ignominie humaine. De ce chaos à la fois spirituel (la veulerie, la tromperie, l’arrivisme) et biologique (la violence, la perversité sexuelle, le meurtre), Verhoeven, non sans cynisme, fera émerger une figure de femme indomptable qui portera dès lors en elle le salut d’une humanité en bien piteuse condition. Avec pour résultat un film aussi discrètement émouvant que Showgirls ou Black Book, dans sa façon de faire briller une figure féminine forte dans son parcours salvateur, ici magnifiquement campée par Isabelle Huppert. Très grand film.

 

 

 

Tops 2016 films et séries

Romain

 

  1. The Assassin, de Hou Hsiao Hsien
  2. Les Huit Salopards, de Quentin Tarantino
  3. La Tortue rouge, de Michael Dudok de Wit
  4. Paterson, de Jim Jarmusch
  5. Premier Contact, de Denis Villeneuve
  6. Julieta, de Pedro Almodovar
  7. Nocturama, de Bertrand Bonello
  8. The Strangers, de Na Hong-jin
  9. Ma Loute, de Brunot Dumont
  10. Everybody Wants Some !!, de Richard Linklater
     
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17 décembre 2016 6 17 /12 /décembre /2016 13:20

L’année passée, le retour de Star Wars au cinéma tenait de l’évènement. En témoignait l’effervescence qui habitait des millions de fans dans l’attente de l’Episode VII, le fameux Réveil de la Force. Disney entend bien capitaliser sur ce regain d’intérêt pour la licence culte en annualisant les sorties des films de la saga, avec l’idée d’alterner épisodes “principaux” et spin-offs explorant des aspects plus secondaires de l’univers. C’est du premier d’entre eux dont il sera question ici : Rogue One, sous-titré A Star Wars Story. Pas de Jedi ni de Skywalkers ici puisqu’il est question du vol des plans de l’Etoile de la Mort par un groupe de rebelles, simples soldats au milieu d’une guerre galactique destructrice. Une belle occasion d’offrir une vision neuve du sacro-saint canon de la saga en revisitant les événements ayant directement mené au début du film fondateur de 1977, à condition que Disney et LucasFilms se soient donné les moyens de leurs ambitions.

Rogue One : A Star Wars Story

La principale différence entre Rogue One et le reste des épisodes sortis au cinéma jusqu’à présent (passons sous silence les malheureux films dérivés consacrés aux Ewoks) ne tient pas dans son histoire ou son contexte, puisqu’il entend directement se rattacher à l’Episode IV, mais bien au point de vue qu’il adopte. Exit le côté chevaleresque et les accents de tragédie familiale épique, exit également le ton d’aventure spatiale un peu naïve que pouvaient prendre certains opus de la saga : Rogue One est un vrai film de guerre. Les personnages principaux ne sont plus des figures emblématiques autour desquelles semble se jouer le destin de la galaxie mais bien de simples soldats, pions au sein d’un échiquier galactique qui les dépasse.

 

Le film offre ainsi une perspective relativement inédite, en tout cas pour ce qui est de l’incarnation cinématographique de la saga. La Rébellion apparaît moins comme une toile de fond que comme une vraie cause pour laquelle des individus de chair et de sang donnent leur vie. L’écriture parvient à rendre la guerre civile galactique plus réaliste, plus palpable que par le passé, en nuançant ce que l’on connaît déjà du conflit. Les rebelles apparaissent plus impitoyables que jamais dans un contexte où l’exécution de l’ennemi n’est pas seulement autorisée mais parfois nécessaire pour servir la cause. De la même manière, Rogue One évoque pour la première fois l’idée d'extrémistes dissidents au sein de la Rébellion et rappelle que même une idéologie noble peut être soumise à des dérives. Ces éléments épaississent avec pertinence l’univers mais restent hélas sous-exploités du point de vue narratif. Trop sage, l’écriture renonce à tisser un vrai propos sur la guerre, à poser de vraies questions sur le bien-fondé du combat de la Rébellion ou sur ses moyens.

Rogue One : A Star Wars Story

Un écueil scénaristique qui, hélas, se répercute sur les personnages principaux du film. L’équipe en charge du vol des plans se constitue pourtant d’une vraie collection d’individus aux origines et motivations variées. Malheureusement, chacun d’entre eux peine à s’extirper de sa fonction première d’outil dans l’intrigue. Plaisants à suivre, les protagonistes manquent de développement, leurs arc narratifs personnels sont au mieux esquissés et au pire complètement absents. Prenons Cassian Andor (interprété par Diego Luna), tête d’affiche masculine de l’escadron rebelle. Établi dès sa première scène comme un combattant déterminé et pour qui la fin justifie les moyens, il subit un revirement au beau milieu du film sans forcément que l’accent ne soit mis sur ses raisons ou ses dilemmes moraux, et manque ainsi l'occasion de créer un vrai impact sur le spectateur. 

 

Il en va de même pour les autres membres de l’équipe, tour à tour amusants, intrigants ou entraînants - en particulier les deux gardiens de l'ancien temple Jedi et le droïde K-2SO - mais qui peinent à susciter une implication émotionnelle totale à cause d’un manque de caractérisation. En ce qui concerne Jyn Erso (Felicity Jones), l’héroïne du film et meneuse par défaut de la troupe, elle échoue à agripper l’attention du spectateur avec la même immédiateté que Rey dans l’Episode VII. Le personnage manque de fond, de substance, mais gagne cependant en empathie à mesure que les enjeux du film se resserrent autour de sa volonté de retrouver son père, puis de porter son héritage. L’interprétation de l’actrice, très juste, aide à s’attacher à Jyn malgré son écriture réservée. Citons également un méchant (le Directeur Krennic, incarné par Ben Mendelsohn) assez réussi dans son rôle de sous-fifre condamné à vivre dans l’ombre de ses supérieurs. En revanche, mieux vaut oublier Forest Whitaker qui interprète le leader dissident Saw Guerrera avec un cabotinage bien trop prononcé.

Rogue One : A Star Wars Story

L’inconsistance de l’écriture de Rogue One peut en partie s’expliquer par le contexte de production quelque peu chaotique de sa production. A la base, les rênes du projet avaient été confiées à Gareth Edwards, réalisateur du très bon film de SF indé Monsters et surtout du reboot de Godzilla en 2014. Un choix bienvenu, le style d’Edwards, plus affirmé et moins propret que celui de JJ Abrams collait à merveille avec l’ambiance guerrière recherchée pour le projet. Cependant, le montage original d’Edwards n’était pas entièrement au goût des exécutifs de LucasFilms, qui auraient exigé qu’au total 40% du film soit retourné. Entre des reshoots dirigés par Tony Gilroy et un montage final lui échappant, Edwards n’aurait donc pas pu montrer au public le film tel qu’il l’entendait. Un problème hélas coutumier pour les jeunes réalisateurs prometteurs propulsés aux manettes de blockbusters XXL et déjà vécu par Edwards avec son Godzilla, lui aussi sévèrement remanié.

 

Autre dommage collatéral d’un processus de production troublé : le départ d’Alexandre Desplat, originellement choisi pour composer la bande-son du film. C’est Michael Giacchino qui le remplace, compositeur solide mais trop souvent relégué au rang de pasticheur de John Williams. Ce fut déjà le cas sur Jurassic World et ça l’est encore plus ici. Pas aidé par un délai très court - 4 semaines pour composer et arranger toute la BO - Giacchino reste dans l’ombre des canons musicaux établis par Williams et peine à créer un thème marquant. Un constat d’autant plus marqué par la réutilisation de plusieurs thèmes marquants de la saga Star Wars, évidemment bien supérieurs.

Rogue One : A Star Wars Story

En résulte donc l’impression d’un film un peu bâtard, qui semble avoir du mal à affirmer un vrai projet filmique au-delà de son statut de divertissement. Fort heureusement, ces problèmes semblent surtout affecter la première moitié du film. A l’image de son héroïne, Rogue One gagne en intensité, en pertinence et en intérêt sur la durée, et se finit par un troisième acte tout simplement mémorable. Sans doute parce que ce ne sont plus tant les individualités des différents membres de l’équipe que la nécessité de mener à bien coûte que coûte leur périlleuse mission qui compte désormais. Le film capture sans problème ce sentiment d’une petite guerre dans la grande, ce climat de bataille désespérée contre un ennemi supérieur en nombre et en équipement et atteint des sommets dramatiques peu habituels pour la saga.

 

La longue bataille finale, menée sur plusieurs fronts, réussit là où le film d’Abrams échouait à proposer des scènes d’action vraiment vibrantes. La mise en scène d’Edwards est plus viscérale sur les phases au sol et plus virevoltantes lors des batailles aériennes et spatiales qui retrouvent enfin leur prestige au sein de la saga. Le cinéaste rappelle son talent, déjà visible dans Godzilla, pour jouer sur les échelles en restant à hauteur humaine, pour filmer l’apocalypse (ici la destruction planétaire vécue à même le sol) et pour iconiser des figures déjà bien connues. D’une manière générale, Edwards travaille son image avec soin, gommant les couleurs pour une image plus réaliste et moins clinquante que celle d’Abrams, et offre quelques très belles idées de mise en scène, hélas pas toujours mises en valeur par un montage sans ampleur et les prises de Gilroy. Néanmoins, malgré l’intervention du studio, la patte balbutiante d’un auteur se fait parfois sentir. Difficile, par exemple, de ne pas penser au Edwards de Monsters lors d’une scène finale entre Jyn et Cassian mêlant intimité et urgence apocalyptique.

Rogue One : A Star Wars Story

Prologue direct à l’Episode IV, Rogue One ne manque jamais l’occasion de faire une référence plus ou moins appuyée à son illustre ancêtre. Tous les personnages dont LucasFilms pouvait justifier la présence apparaissent ou sont évoqués au détour d’un dialogue, qu’ils jouent un rôle dans l’intrigue ou soient relégués au rang de modeste clin d’oeil. D’une manière générale, ces inclusions font sens dans l’intrigue et n’empiètent jamais sur le feeling global de l’oeuvre. Hélas, la volonté de coller coûte que coûte à l’esthétique du premier Star Wars conduit l’équipe du film à quelques fautes de goût, dont la plus flagrante est la recréation de deux personnages humains mythiques du film de 1977 entièrement en images de synthèse. Le travail est honorable mais se révèle bien trop gênant à l’écran quand des poupées numériques interagissent aux côtés d’acteurs de chair et de sang. En revanche, les dernières séquences du film, celles faisant directement le lien avec l’introduction d’Un Nouvel Espoir, sont à la hauteur du mythe. L’ultime cadeau au fan, ce sont les deux scènes mettant en scène Dark Vador, peut-être le méchant le plus emblématique de la saga et ici mis en scène avec tout le panache, le charisme mais aussi la violence que l’on peut attendre du personnage.

 

Rogue One est indubitablement un film plus intéressant que Le Réveil de la Force, plus original, plus ambitieux artistiquement et bénéficiant du travail d’un réalisateur talentueux mais bridé. Le film n’atteint pas les sommets auxquels il aurait pu prétendre avec une écriture plus solide et un metteur en scène libre de ses intentions mais n’en demeure pas moins un blockbuster de SF très efficace, parvenant à faire oublier ses manquements dans un acte final généreux en intensité. Le produit fini reste néanmoins révélateur d’une politique dangereusement proche de celle de Marvel en terme de formatage. En attendant l’Episode VIII qui devrait beaucoup faire parler de lui l’année prochaine, nos espoirs se portent sur le prochain spin-off : un retour sur la jeunesse de Han Solo prévu pour 2018 et réalisé par les géniaux Phil Lord et Chris Miller.

 

 

7.5/10

 

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12 décembre 2016 1 12 /12 /décembre /2016 17:32

Si les pitreries des Avengers finissent par lasser film après film, les projets les plus enthousiasmants du Marvel Cinematic Universe restent ceux qui se situent en marge de ce grand capharnaüm et introduisent des personnages inévitablement rafraîchissants après une énième pérégrination de Tony Stark ou de Steve Rodgers. On pensera aux exotiques et déconnants Gardiens de la Galaxie ou à Ant-Man, agréable surprise malgré une inévitable frustration quant au départ d’Edgar Wright du projet.

Doctor Strange

Doctor Strange emprunte une voie similaire en s’intéressant à un personnage relativement méconnu du grand public et au domaine de compétences unique dans l’univers Marvel. Pas de superpouvoirs ou d’armure bionique, il est ici plutôt question de magie, de mysticisme et de spiritualité. Le potentiel était là, hélas la machine Marvel reste ce qu’elle est et a un cahier des charges serré dont l’ambition cinématographique ne fait malheureusement pas partie. En témoigne le choix du réalisateur, Scott Derrickson, l’homme derrière le remake de Le Jour où la terre s’arrêta, un énième faiseur hollywoodien sans talent et sans doute incapable de livrer une vraie vision d’auteur sur un tel projet.

 

Le début du film parvient toutefois à susciter l’attention. Après une première scène d’action mettant en scène les possibilités de son univers, le spectateur est introduit au personnage de Strange, un docteur surdoué, arrogant et cynique dont la vie va être bouleversée quand un accident le prive du plein usage de ses mains. S’ensuit un schéma d’origin story superhéroïque on ne peut plus éculé (pas grand chose n’a changé depuis le premier Iron Man en 2007) mais exécuté avec un certain soin. Le film pose de vrais semblants enjeux dramatiques autour de la perte de facultés, hélas sacrifiés sur l’autel de la fluidité du récit. Cependant, la détresse et l’obsession de Strange restent crédibles, de même que sa relation plutôt compliquée avec le docteur Christine Palmer.

Doctor Strange

Le docteur s’impose comme l’un des personnages les plus intéressants développés au sein du MCU. Motivé par des desseins purement égoïstes, meurtri et confronté à un système de pensée opposée au sien, il amorce petit à petit une mutation mais sans jamais perdre son arrogance, son humour grinçant ou son obstination. La découverte du Kamar-Taj et de ses adeptes procure un vrai vent frais au récit à mesure que tout le potentiel de l’univers est dévoilé. On est bien entendu encore une fois en terrain connu, quelque part entre Matrix (le héros cartésien dont la perception de l’univers est soudainement chamboulée) et Batman Begins (l’origin story sur fond de temple tibétain) mais la recette fonctionne, et l’intérêt pour la progression du personnage autant que pour ses découvertes au sein des arcanes de la magie est maintenu pendant la majeure partie du récit.

 

On ne peut, accessoirement, que se réjouir que le film limite au maximum les références aux Avengers et s’autorise ainsi une vraie autonomie par rapport au reste de l’univers partagé, même si la scène post-générique nous rappelle avec amertume que Strange est désormais totalement assimilé à la machine infernale.

 

Les limites de Doctor Strange sont finalement celles de toutes les oeuvres récentes du studio : incapable de pousser ses ambitions jusqu’au bout, le récit se perd dans un dénouement des plus conformistes. Toute sa seconde moitié est portée par des enjeux dramatiques paresseux, les possibilités de l’univers magique ne sont qu’effleurées tandis que toute l’histoire ne se réduit finalement qu’à une énième lutte contre une entité intersidérale toute puissante. Le concept de l’ancien élève du mentor du héros désormais au service du mal n’est pas neuf non plus, et le film peine à exploiter tout le potentiel tragique d’un tel personnage. Tant de reproches coutumiers des productions Marvel mais d’autant plus regrettables quand les bases sont si réjouissantes.

Doctor Strange

Si le scénario du film voit ses ambitions brimées par le cahier des charges du studio, la patte visuelle du film parvient heureusement en partie à en rattraper l'écueil. L'univers de Doctor Strange offre des possibilités entièrement nouvelles au sein du genre, mises à profit par l'équipe en charge des effets spéciaux qui n'a apparemment souffert d'aucune restriction. Les meilleurs moment du film sont ceux où les délires visuels des équipes d’ILM sont poussés à leur paroxysme. On peut par exemple citer la “visite” des différents univers parallèles, véritable trip psychédélique d'abstraction de formes et couleurs. Ou encore cette impressionnante course-poursuite au sein d'une ville au relief complètement altéré, où bâtiments et rues se tordent et se replient sur eux-mêmes. De quoi satisfaire la rétine d’un spectateur de plus en plus blasé par les éternelles batailles finales sur fond de destruction de mégalopole et de bouillies d’explosions auxquels le studio nous a habitués.

 

Ces exagérations bienvenues suffisent à faire de Doctor Strange le film le plus le plus original et intéressant du MCU en terme de mise en forme pure. Il est d'autant plus dommage qu'aucun réalisateur compétent ne soit présent à la barre. La réalisation de Scott Derrickson correspond en effet à tout ce que les productions Marvel peuvent offrir de plus générique, entre action brouillonne et manque total de cohérence ou de pertinence dans les choix de cadrage et de découpage. Quelques plans tirent leur épingle du jeu mais l’ensemble demeure terriblement fade et incapable de porter comme il se doit un récit ne manquant pourtant pas d’arguments. On ne peut que regretter que le projet soit privé d’un vrai cinéaste, des metteurs en scène comme Sam Raimi ou Guillermo Del Toro, à l’aise avec le genre superhéroïque mais dotés d’une vraie patte d’auteur, auraient sans doute été à même d’exploiter au mieux l’originalité de l’univers et l’ambition des équipes techniques.

Doctor Strange

En dehors du rendu visuel, l’autre bon point du film vient du casting. Les Marvel récents ont cette tendance à rassembler une brochette d’acteurs de marque sans forcément leur faire honneur. Heureusement, ici tout le monde semble à sa place. Benedict Cumberbatch offre un très bon Strange, porté par le physique singulier et la voix imposante de l’acteur. Tilda Swinton est surprenante dans le rôle de l’Ancien, le mentor du Docteur à la fois sage, malicieuse et ambiguë qu’elle interprète avec un certain décalage. Enfin, le rôle du docteur Christine Palmer est confié à Rachel McAdams, dont la subtilité et la sensibilité aident à faire du personnage le “love interest” le plus empathique de l’univers Marvel. Le grand Mads Mikkelsen se débrouille comme il peut pour incarner le méchant Kaecilius mais n’est pas aidé par une écriture bateau et un maquillage ridicule. Chiwetel Ejiofor dans le rôle de Mordo aura quant à lui encore fort à prouver, surtout vu l’avenir que le studio semble lui réserver.

 

Doctor Strange appartient à cette catégorie trouble de films qui auraient tout autant pu être pires que bien meilleurs. Plus soigné et original que la (triste) moyenne des productions du genre, ses qualités sont hélas trop superficielles pour faire oublier sa nature de pure création de studio. Un divertissement un peu vain mais appréciable, qu’on savourera d’autant plus que la prochaine apparition du Docteur se fera sans aucun doute aux côtés des principales têtes d’affiche de l’écurie Marvel…

 

6/10

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18 novembre 2016 5 18 /11 /novembre /2016 10:28

Auréolé de ses deux prix acquis lors de l'édition 2016 du festival de Cannes (prix du scénario et prix d'interprétation masculine pour Shahab Hosseini), Le Client d'Asghar Farhadi est sorti en salles le 9 novembre. C'est l'occasion de se rendre compte de l'importance qu'a pris le réalisateur iranien dans le paysage cinéphile français (comme le confirme pour une fois le grand nombre de salles projetant le film à sa sortie) depuis la révélation d'un cinéaste jusqu'ici méconnu, qu'a été Une séparation (2011).

Le Client

Asghar Farhadi situe de nouveau son intrigue dans l'Iran contemporain, après avoir fait un passage par la grande banlieue parisienne dans Le Passé, film qui ne m'avait pas autant convaincu que ses précédents bien qu'ayant de grandes qualités. On retrouve le cadre familier de la classe moyenne aisée iranienne déjà découverte dans À Propos d'Elly ou Une Séparation, mais qui va cette fois trembler jusque dans ses fondations, lorsqu'un bulldozer entreprend des travaux sur la parcelle voisine, travaux que l'immeuble ancien supporte mal. Cela donne lieu à un plan séquence magistral faisant office d'ouverture à ce drame. Entre un travelling dans les escaliers et un tremblement de l'immeuble on fait ainsi connaissance avec Emad et Rana qui seront les protagonistes de cette histoire.

 

Ceux-ci sont comédiens de théâtre amateurs et membres d'une troupe dont la première représentation de la pièce Mort d'un Commis Voyageur approche à grands pas. L'immeuble est extrêmement fragilisé et devient donc inhabitable, ce qui oblige le couple à trouver un nouvel endroit où vivre. Heureusement, un membre de la troupe et ami proche de nos héros leur propose un appartement à un loyer très avantageux. Mais dès la première visite quelque chose semble étrange, une des pièces reste verrouillée du fait de l'ancienne locataire, en attendant que celle-ci ne récupère ses affaires.

La première partie du film se déroule principalement dans trois lieux importants de la vie de Rana et Emad : la salle de classe de ce dernier, professeur visiblement apprécié de ses élèves, le théâtre où se déroule les répétitions et enfin le nouvel appartement que nos protagonistes tentent de rendre familier en l'aménageant du mieux possible. Les lieux sont définis, on commence à apprécier les différents personnages et on va jusqu'à partager un éclat de rire quasi collectif lors d'une répétition, quand la censure du régime rend une scène de la pièce totalement absurde. Mais un évènement, initié par un geste machinal et apparemment anodin, va bouleverser irréversiblement l'équilibre retrouvé après les secousses entraperçues dans l'introduction.

Le Client

Si on exclut ce plan séquence initial, le film se déroule plus ou moins en trois actes, donnant au film un caractère dramatique issu du théâtre. Après tout, le générique de début du film n'est il pas constitué de plans (sublimes) de la salle de théâtre s'éclairant au fur et à mesure que les projecteurs s'allument ? Le décor est ainsi mis en place avant que le drame se déroule. Sans en dire plus sur la suite de l'histoire, j'ai trouvé que le film parvenait plus d'une fois à prendre le spectateur à contre-pied, allant dans un sens, voire un genre, différent à chaque acte. Si j'ai trouvé que le film marquait un peu le pas aux deux tiers, la dernière partie m'a littéralement scotché, Farhadi proposant une réflexion plus complexe qu'il n'y paraît.

Tout comme Une Séparation, ce qui frappe avec le cinéma du réalisateur iranien est l'universalité de son propos. Moins politique que les films de Jafar Panahi par exemple, le film se concentre plus sur les dilemmes moraux qui assaillent ses personnages. Culpabilité, vengeance, pardon ou encore regret sont des thèmes récurrents de l'oeuvre de Farhadi et sont ici abordés frontalement, en particulier dans ce dernier acte. Le prix de l'interprétation est allé à Shahab Hosseini mais on retient également la belle Taraneh Alidoosti déjà aperçue dans plusieurs films de Farhadi (Les Enfants de Belleville, La Fête du Feu, A Propos d'Elly) ou dans le déroutant Modest Reception de Mani Haghighi. Son jeu tout en retenu et en silences douloureux est remarquable et son retour chez Farhadi une très bonne nouvelle.

 

Ce film, sans être la claque que fut Une Séparation assied encore un peu plus le réalisateur iranien comme un artiste majeur de cette décennie, sûr de ses talents d'écriture et de mise en scène et dont chaque long-métrage permet au monde d'en apprendre un peu plus sur l'Iran, ce pays qui semble si différent mais en même temps si familier sous certains aspects. Son propos universel rend son œuvre plus accessible que celles de certains de ses compatriotes et permet à beaucoup de découvrir cette magnifique langue qu'est le farsi. En attendant son prochain film, je ne peux que conseiller d'aller voir Le Client, actuellement projeté dans toutes les meilleures salles !

 

 

7,5/10

 

Olivier

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4 août 2016 4 04 /08 /août /2016 21:30

       Me voilà bien embêté après avoir vu ce dernier film de tonton Emmerich, car j’avais voulu y croire. Pas que ça serait un bon film, faut pas pousser, mais qu’il avait compris la nécessité d’aborder cette suite avec beaucoup de second degré et de recul. Si je m’étais sévèrement ennuyé devant 2012 une fois passée son introduction apocalyptiquement débile, son White House Down était bien plus fendard. Flirter avec le nanar, assumer l’absurdité des situations et le patriotisme bien bas du front, il n’y avait pas mieux à faire pour sauver un minimum ce sous-sous-Die Hard.

 

 

       En découvrant la bande-annonce de Resurgence, il me semblait que tout cela était acquis, entre surenchère grotesque et punchlines ridicules. Promis-juré, j’allais voir le film dans un état d’esprit aussi bienveillant que possible, histoire de se marrer grassement en profitant de la carte illimitée, activité saine s’il en est. Autant le dire d’emblée, cette suite a seulement deux qualités par rapport à l’original, qui sont de ne durer que deux heures (encore heureux) et de rediriger le patriotisme américain pompeux vers un universalisme de pacotille. Sur deux heures, on pourrait s’attendre à un démarrage en trombe, mais non, prenons bien le temps de réintroduire TOUS les personnages de l’original (et quand je dis tous, c’est tous), en plus de présenter un contingent de nouveaux. Il faut donc supporter pas loin de 45 minutes de scènes qui ne mènent à rien d’intéressant à part réunir ces personnages et multiplier les références bien lourdes, avec des acteurs aussi bons que Jeff Goldblum et Charlotte Gainsbourg ne sachant clairement pas ce qu’ils font là (à part toucher un bon gros chèque entre deux films de meilleure qualité).

 

       On retrouvera la femme de Hiller (Will Smith) pour l’émotion, le père de Levinson (Goldblum) pour l’humour, dont on se serait largement passé, le docteur un peu fou aux longs cheveux blancs pour les élucubrations scientifiques, et j’en passe… Tout spectateur normalement constitué se dit qu’après avoir supporté ces longs tunnels de dialogues d’exposition, ça va quand même un peu défourailler dans les chaumières. Que nenni ! J’exagère à peine en disant que toutes les scènes de destruction un tant soit peu originales étaient spoilées dans la BA, et de toute façon ça se résume à de la bouillie numérique scintillante pas épique pour deux sous. Et ne vous attendez pas à grand-chose d’autre, le vaisseau géant se pose pendant dix minutes, puis c’est fini, vous pouvez vous rendormir.

 

 

       Mais alors, il reste quoi dans ce film ? C’est simple, un remake éhonté du premier, avec succession d’échecs pour rentrer dans le vaisseau, la découverte d’une faille, les nouveaux héros sans charisme qui entrent et font tout pour péter la gueule aux aliens. Le tout en repompant allègrement Alien (la saga), Godzilla et autres films de monstres, en saupoudrant de quelques batailles aériennes pas loin d’être correctement mises en scène (mais bien moches esthétiquement), mais cruellement dénuées d’enjeux et de tension. Quand il est impossible de s’attacher aux personnages et que le danger est un truc aussi perché qu’arrêter les aliens à quelques mètres près de forer le noyau de la Terre (quitte à se faire sauter avec ?), difficile d’être impliqué dans la course contre la montre finale.

 

       On s’accroche quand même aux vannes foireuses qui désamorcent toute tension (une constante dans les blockbusters récents), on s’étonne du nombre de personnages « importants » qui y passent, on se marre devant les discours de motivation à deux balles et le ridicule général des situations, on supporte la 3D convertie à la truelle, et finalement on est bien content de ne pas avoir payé plein pot pour ça (dans mon cas, sinon n’y allez pas). Que dire de plus ? Il n’y avait aucun plaisir pervers pour ma part à voir Emmerich tomber au niveau des blockbusters actuels, surtout avec un film qui n’assume pas assez son second degré ni son sérieux. L’ultime affront restant de nous imposer un cliffhanger de mauvaise série télé promettant une suite un chouia plus prometteuse, mais qu’il aurait été bon de mettre en place dès ce film-là. En l’état, ça donne surtout envie de soupirer devant tant d’opportunisme et de passer son tour.

 

 

3/10

 

Arnaud

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19 avril 2016 2 19 /04 /avril /2016 09:32

 

An - Les Délices de Tokyo

 

An, sous-titré Les Délices de Tokyo, c’est l’histoire de Sentaro, tenancier d’une boutique de dorayakis (sortes de pancakes fourrés à la pâte de haricots rouges), homme bougon et peu passionné dont la vie est progressivement métamorphosée lorsqu’il rencontre Tokue, une vieille dame bienveillante, fatiguée mais jouissant de toute évidence d’un prodigieux don pour préparer la fameuse pâte, appelée an. Les amateurs du cinéma de Naomi Kawase ont pu être interpellés par un synopsis presque sorti d’un conte de fée et une bande-annonce au ton enjoué et malicieux. La réalisatrice de Shara et du très beau Still the Water était jusque là plutôt réputée pour son approche épurée et souvent introvertie de la narration et du dialogue. On ne pouvait dès lors être que curieux de voir comment Kawase aborderait un sujet si conventionnel, à défaut d’un terme moins péjoratif.

 

 

Plus classique, An l’est, mais le film évite de tomber dans un traitement banal et peu inspiré. La cinéaste nous rappelle vite l’immense tendresse qu’elle peut éprouver pour ses personnages et sa capacité à les faire exister à l’écran, avant même que la moindre ligne de dialogue ait été prononcée. Il y a quelque chose d’indiciblement beau dans la relation que Sentaro finit par nouer avec la vénérable Tokue. Au delà de leur condition respective de patron et d’employée, chaque personnage se voit redéfinit par l’autre. La vieille dame apprend au vendeur la patience, le goût de la cuisine, l’importance d’aimer ce que l’on prépare : dans une scène assez cocasse mais également terriblement touchante, Tokue s’offusque que son patron, pourtant vendeur de pâtisserie, n’aime pas le goût du sucré.

 

Le film est parsemé d’instants de grâce semblables, contribuant à rendre attachants les deux protagonistes centraux et, surtout, la vénérable cuisinière. Un troisième personnage gravite autour de ces deux figures centrales : Wakana, une collégienne réservée, évoluant en marge de ses condisciples. Moins essentielle au récit, elle y contribue malgré tout en apportant une touche de jeunesse naïve à la dynamique du duo principal, et participe également de la construction du sous-texte du film.

 

 

Parce qu’An, derrière ses airs de film culinaire léger, est avant tout une oeuvre sur la marginalisation, mettant en scène des invididus aliénés par la société qui les as vus naître, victime des préjugés et de conceptions ancrées, en pleine quête identitaire. Un sujet grave, traité par Kawase avec douceur, mélancolie et tristesse, toujours dans la retenue la plus pure. La réalisatrice conserve également un style de réalisation très singulier, une approche brut, entre caméra portée et défauts apparents de l’image (brûlure, bruit numérique) donnant souvent l’impression que la scène est prise sur le vif, captée sans artifices.

 

Un style sublimé dans la manière qu’a Kawase de filmer la nature. Sa caméra s'accommode du cadre urbain, filme les cerisiers en fleurs avec poésie, mais est également capable de s’envoler lors de quelques séquences purement lyriques, intimes et proprement transcendantes, lors desquelles la cinéaste rappelle toute l’essence du lien précieux unissant les êtres. Ainsi, la société et ses maux semblent mises en opposition avec la pureté de l’élément naturel.

 

Émouvant, d’autant plus qu’il construit ses personnages, leurs relations et leurs drames intimes dans la pudeur la plus absolue, An est une véritable fable, un petit bijou de cinéma japonais contemporain et, peut-être, la porte d’entrée idéale vers une filmographie passionnante mais plus exigeante.

 

8.5/10

 

 

 

The Assassin

 

Ce n’est pas souvent dans une vie de cinéphile qu’on a l’occasion de vivre une expérience aussi absolue que celle offerte par The Assassin. Le dernier film d’Hou-Hsiao-Hsien a tout de l’oeuvre exceptionnelle, dans tous les sens du terme. Un véritable manifeste esthétique, sans concessions, au point de laisser une partie du public sur le carreau.

 

The Assassin prend pour base une histoire chinoise du IXe siècle : Nie Yinniang. Librement adapté du texte, le film raconte narre les aventures de Yinniang, une assassine entraînée par une nonne. La technique de la tueuse a beau frôler la perfection, ses états d’âme l’empêchent parfois de mener à bien sa mission. Pour tester sa résolution, sa maîtresse l’envoie prendre la vie de Tian Ji’an, le cousin de Yinniang auquel la jeune fille fut jadis promise. Autour de cette histoire en apparence simple s’articulent des tractations politiques plus ou moins complexes, inhérentes au contexte de l’époque.

 

 

L’oeuvre de Hou-Hsiao-Hsien est le fruit d’un parti pris radical. Le récit est épuré au possible, le réalisateur ne s’encombre d’aucune remise en contexte et réduit les dialogues d’exposition au strict minimum. Appréhender la trame du film n’est donc pas chose aisée pour un public non instruit qui risque, s’il se borne à tenter de comprendre le pourquoi du comment et à identifier les rôles précis de chacun des personnages, pourrait ressortir de la séance perplexe. En réalité, c’est avant tout comme une expérience formelle et sensorielle qu’il convient d’aborder The Assassin.

 

Les mots ne semblent pas suffire pour décrire l’état de perfection formelle atteint par le film. Pas une seule seconde n’en resplendit pas d’un éclat esthétique prodigieux. On pourrait vanter pendant des heures les choix de décors et de costumes, resplendissants, mais c’est le travail photographique qui impressionne encore plus, tant chaque image semble composée, colorée et éclairée avec une précision inouïe. L’épure narrative du film se reflète également dans les choix de mise en scène de Hou-Hsiao-Hsien. La caméra est le plus souvent fixe, ses rares mouvements sont lents, feutrés, épousent le calme et le silence ambiants.

 

 

Certaines scènes se révèlent d’une immense force : la conversation de Tian Ji’an avec sa concubine, essentielle dans ce qu’elle révèle du passé de Yinniang, est filmée comme si le spectateur observait la scène caché derrière des rideaux qui envahissent régulièrement le cadre, faisant naître ce sentiment paradoxal de promiscuité et de distance par rapport aux personnages. Le rythme global, lent, berçant, est entrecoupé de scènes de combats d’autant plus impressionnantes qu’elles sont extrêmement courtes, le temps de quelques passes d’armes qui suffisent généralement aux adversaires à évaluer leur force respective. C’est la brièveté de ces incursions qui les rend d’autant plus précieuses, comme de brusques coups d’éclairs au milieu d’une nuit calme.

 

 

Plutôt que comme une histoire dense et continue, The Assassin se vit davantage comme une série de tableaux, un enchaînement d’image et de son touchant davantage au poétique qu’au narratif. Au milieu d’histoires de complots et de manipulations politiques, c’est surtout le personnage de l’assassine en lui-même qui marque la rétine. Magnifiée, iconisée à chacune de ses apparitions, Yinniang traverse tout le film tel un spectre, intervenant rarement mais observant silencieusement le reste monde. Derrière son visage figé comme la pierre, la tueuse dissimule un cruel dilemme : celui du déchirement entre raison et passion, entre le devoir glaçant de la lame et des sentiments tout ce qu’il y a de plus humain. La jeune fille, interprétée par la brillante Shu Qi, suscite des piques d’empathies d’autant plus vives qu’elles trahissent son impassiblité, comme lors d’un bref éclat en larmes ou au cours de quelques lignes de dialogue, éparses.

 

Ynniang, malgré sa présence éthérée, apparaît comme le seul vrai point d’ancrage émotionnel au sein d’un film pensé avant tout comme une expérience sensorielle. C’est peut-être en cela qu’il est si compliqué de parler de The Assassin. Face au parti pris d’Hou-Hsiao-Hsien, deux postures semblent possibles : l’admiration béate ou l’hermétisme total. On peut faire l’éloge sur des pages de la claque esthétique potentielle comme critiquer le manque de clarté de l’intrigue, tout n’est finalement et vulgairement qu’une histoire de “rentrer dedans ou pas”. Une proposition de cinéma si jusqu'au-boutiste ne peut, par essence, faire l’unanimité. Malgré les réserves que l’on peut avoir, The Assassin est un film qui doit être vu; l’expérience qu’il propose peut vous transformer, mais ne vous laissera en tout cas pas indifférent.

 

9/10

 

Martin

 

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3 mars 2016 4 03 /03 /mars /2016 09:30

2015 l’a confirmé : ramener à la vie les anciennes gloires est désormais une vraie tendance. Des sagas comme Jurassic Park, Mad Max, Terminator et bien entendu Star Wars ont toutes effectué leur grand retour, avec plus ou moins de succès commercial et critique. Des films de studios et de producteurs surfant généralement sur le succès de leur illustre prédécesseur plutôt que de tenter d’y apporter une vraie plus-value, la seule exception notable étant le Mad Max: Fury Road de George Miller dont on ne vantera jamais assez les qualités. Et l’une des premières grosses sorties de l’année 2016 est justement un autre de ces fameux revivals : Creed ou le septième film de la saga Rocky. Ou plutôt un spin-off, puisque le récit se concentre cette fois sur Adonis Johnson, fils du légendaire Apollo Creed et aspirant comme son père avant lui à une vie de boxeur. Le légendaire Sylvester Stallone, visage mais aussi principal auteur de la saga, s’efface tant devant la caméra que derrière puisque d’une part son personnage se voit relégué au rang de mentor du jeune Adonis, et d’autre part il cède les postes de réalisateur et de scénariste à Ryan Coogler, dont c’est seulement le deuxième film après Fruitvale Station en 2010.

 

 

Avant toute chose, je tiens à préciser que je n’ai pas grandi en regardant la saga Rocky. J’ai découvert les films très tard en commençant bien entendu par le premier dont il est inutile de vanter les qualités. Le Rocky de 1975, c’était un film intelligent et bien construit, qui livrait un vrai discours sur le rêve américain tout en étant porté par une histoire d’amour simple et touchante. Les suites ne parvinrent jamais vraiment à retrouver cet éclat, de la suite maladroite mais qui veut bien faire (Rocky II) au nanar Reaganien (Rocky IV). Stallone s’était perdu en chemin mais avait fini par retrouver sa grâce des années après avec Rocky Balboa (2006). Le scénariste/réalisateur/acteur y retrouvait la fibre sensible qui avait fait le charme du film originel ainsi que l’intelligence de son écriture, tout en offrant une conclusion tout simplement parfaite à la saga. On peut dès lors se questionner sur la pertinence même de l’existence d’un film comme Creed, qui arrive pour continuer quelque chose qui s’était pourtant terminé de la meilleure des manières. Et si le visionnage rassure sur la qualité du film, il ne fait pas disparaître ces interrogations.

 

Creed donc, c’est avant tout l’histoire d’Adonis, fils bâtard refusant d’assumer le nom de son illustre père et décidé à se faire un nom sur le ring par lui-même. Alors que tous les rings auquel il frappe lui ferment ses portes, il se tourne vers le seul qui puisse l'entraîner et faire de lui un vrai champion : le légendaire Rocky Balboa. La structure narrative revient donc à la base même de celle du tout premier Rocky et en reprend les grandes étapes : l'entraînement à base de montages musicaux, le combat contre un champion davantage pensé comme un coup de pub que comme un évènement sportif, la rencontre amoureuse qui se mêle au reste…

 

Pas très original donc, mais le script de Coogler a le mérite de vouloir bien faire les choses. Adonis Johnson est d’emblée présenté comme un personnage complexe, attiré par la violence, en conflit identitaire, capable de douceur et d’affection mais au sang chaud et au caractère parfois imprévisible. La relation de Johnson avec l’image de son père décédé est bien entendu au coeur des thématiques du film, le voyage initiatique du jeune boxeur passe par un rejet de la figure paternelle disparue avant de se conclure, logiquement, par son acceptation.

 

 

Le personnage principal s’impose comme un moteur efficace au bon déroulement de l’histoire, servi par une prestation très réussie de Michael B. Jordan. L’actrice Tessa Thompson, dans le rôle de Bianca, apporte au récit une touche de romantisme agréable. Encore une fois, rien dans le traitement ne surprend vraiment mais on passe suffisamment de temps avec les personnages pour apprendre à les connaître et s’attacher à eux, l’écriture est classique mais évite de paraître superficielle. Enfin, malgré une mise en retrait à l’écran, c’est encore une fois le personnage de Rocky qui illumine l’ensemble du film. L’ancien champion trouve en Adonis une nouvelle verve et une motivation pour mener ses propres combats, plus personnels et moins spectaculaires. C’est lorsqu’il se concentre sur Rocky que le film parvient à être le plus touchant, de l’évocation de sa tendre Adrian ou de sa relation avec son fils, à son éternelle naïveté désormais complétée par la sagesse de l’âge. Qu’il est bon de retrouver un acteur de la prestance de Stallone dans un vrai beau rôle, en particulier après de médiocres Expandables indignes du talent de l’acteur.

 

L’histoire se suit d’autant mieux que Coogler a vraiment travaillé sa mise en scène, propre, précise et parvenant à moderniser l’image de la saga. Sans que l’on soit face au travail d’un virtuose, on sent que le jeune réalisateur sait ce qu’il fait, est capable de construire des séquences efficaces et s’autorise même deux plan-séquences, dont un au milieu du film couvrant un combat décisif. Une petite extravagance rafraîchissante même si tout sauf indispensable. Dans l’ensemble, l’image a du punch et les combats parviennent à être jouissifs. Coogler a en revanche parfois tendance à en faire un peu trop, notamment lors du fameux montage d'entraînement où le jeune boxeur court accompagné de dizaines de motards levant leur roue derrière lui, le tout agrémenté de ralentis fort peu subtils. Une faute de goût qui fait hélas figure d’exception au regard de l’entièreté du film.

 

 

Difficile de parler de Rocky sans évoquer sa musique, le thème de Bill Conti étant devenu l’un des motifs musicaux les plus connus du cinéma. Pour Creed, la modernisation est de mise et passe par l’inclusion de nombreux morceaux hip-hop et R’n’B et notamment des morceaux interprétés par le personnage de Bianca. La playlist est efficace et contribue à renouveler l’ambiance du film, ça change des hymnes hard FM des 80’s mais ce n’est pas forcément un mal. En revanche, le score composé par Ludwig Göransson est nettement moins convaincant. Hollywoodien, pompeux et inutilement grandiloquent, il fait peine à voir quand on se remémore les partitions grandioses de Conti, et ce n’est pas le bref sample du cultissime Gonna Fly Now qui nous consolera.

 

Comme c’est de tradition dans la saga, l’histoire des personnages de Creed est à mettre en lien avec celle de ses auteurs. Rocky Balboa mettait en scène un Rocky âgé, tentant de se prouver qu’il est capable de remonter sur le ring une dernière fois, tandis que Stallone, l’acteur et l’auteur, tentait de montrer qu’il avait encore ce qu’il fallait en lui pour à nouveau mettre en scène son boxeur fétiche. De la même manière, Creed est l’histoire d’un passage de flambeau entre un Sly vieillissant et prêt à laisser la main à la nouvelle génération et un Coogler enthousiaste mais conscient de sa responsabilité. C’est peut-être de là, de cette sincérité de la paire Coogler/Stallone qu’émane tout le charme d’un film finalement assez conventionnel et prenant peu de risques par rapport à une recette déjà bien éculée tout au cours de la saga.

 

 

Creed est donc, dans l’ensemble, une réussite. Coogler est parvenu à livrer un produit à la hauteur de l’héritage de la saga et à renouveler son image sans la travestir. Il est toutefois difficile de savoir vers où le jeune auteur souhaite emmener des personnages qui sont à présent les siens. Rocky Balboa apportait une conclusion parfaite aux deux facettes du mythe de Rocky, tant à l’effervescence suante des rings de boxe qu’à la douce intimité de la cellule familiale. Creed n’est quant à lui clairement pas construit comme un dernier film mais semble au contraire aspirer à relancer la célèbrissime série de films, en actualisant ses codes, en introduisant de nouveaux personnages et en cristallisant le passage de flambeau à l’écran.

 

Quelque part, malgré des intentions plus modestes, ne peut-on pas reprocher à Coogler d’avoir réveillé une saga qui n’avait pas besoin de l’être, d’avoir, comme Jurassic World ou Star Wars VII, tenté de capitalisé sur les cendres d’un monument du cinéma d’ores et déjà enterré ? C’est peut-être l’avenir de la saga qui donnera une réponse plus précise à ces questions : y’aura-t-il d’autres Creed, narrant la suite des péripéties d’Adonis sur les rings ? Le vénérable Stallone sera-t-il de la partie ? Rien ne permet pour l’instant de confirmer ou d’infirmer ces suppositions. Mais, disons-le sans détour : ce ne serait pas plus mal si le 7e Rocky était vraiment le dernier, d'autant plus que la toute dernière scène du film, quant à elle, offre un parfait épilogue à cette longue, inégale mais passionnante saga, et à ce qui est assurément l’un des plus beaux personnages du cinéma.

 

 

7.5/10

 

Martin

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13 février 2016 6 13 /02 /février /2016 19:05

Cinéaste mexicain spécialisé dans le film choral, Alejandro González Iñárritu s’est taillé une place de choix dans le paysage cinématographique mondial et fait désormais partie de ce cercle fermé d’auteurs capables de manipuler un imposant budget pour le soumettre à leur vision. Iñárritu a pourtant commencé dans l’intimiste avec des drames choraux (Amours chiennes, 21 Grammes et Babel) dans lesquels il s’obsédait pour l'interaction humaine et les destins croisés de personnages a priori étrangers les uns aux autres. Son quatrième film, Biutiful, abandonnait la structure chorale mais conservait le goût du drame déchirant, peut-être au détriment de la finesse du film. La consécration du réalisateur vient avec son oeuvre suivante : Birdman. Comédie dramatique consacrée à un acteur de cinéma has been tentant un retour au théâtre, exercice de style virevoltant donnant l’illusion d’un seul plan-séquence ininterrompu, la cinquième réalisation d’Iñárritu remporte l’adhésion à la quasi-unanimité et sort triomphante de la cérémonie des Oscars avec pas moins de cinq statuettes dont celle sacrant le meilleur film. Or, à peine le tournage de son oeuvre maîtresse bouclé, Iñárritu était déjà sur un autre projet : The Revenant, adapté du livre de Michael Punke, lui-même inspiré de la vie du trappeur américain Hugh Glass.

 

 

En 1823, Hugh Glass (Leonardo DiCaprio) et son fils (Forrest Goodluck) guident un groupe de trappeurs à travers le Dakota, à la recherche de peaux. Attaqué par un ours, Glass est laissé pour mort par le reste de son équipe. Le trappeur doit alors entreprendre de survivre, seul, blessé et affamé, au milieu de forêts enneigées hostiles, avant de retrouver l’homme qui causa sa perte : John Fitzgerald (Tom Hardy). Le cinéaste a donc choisi un contexte radicalement différent de ce qu’il avait pu proposer par le passé. Son Revenant est un film historique aux proportions de fresque quasi-épique, peu verbeux et centré sur la lutte de l’homme face à la nature plutôt que sur les relations et interactions d’un groupe de personnages. Le film a déjà fait parler de lui avant sa sortie pour ses conditions de production et de tournage ardues.

 

Tournée aux confins de la nature canadienne, avec une température ambiante avoisinant parfois les -30°, la dernière réalisation du mexicain faillit également pâtir des lubies esthétiques de son auteur : afin de renforcer le cachet et la beauté brut du film, Iñárritu impose un tournage avec des lumières exclusivement naturelles, contraignant l’équipe à ne tourner parfois que sur quelques heures par jour pour capturer l’éclairage parfait. Tant de contretemps et d’exigences firent grimper le budget à un total de 135 millions, pas si loin du blockbuster estival moyen. Mais The Revenant est tout sauf un simple divertissement onéreux et ne s’impose aucune limite, si n'est celles de son créateur.

 

Autant le dire d’entrée de jeu : formellement, la claque est absolue. Le réalisateur a décidé de se placer dans la lignée esthétique de Birdman tout en abandonnant l’obligation du plan unique. Pour autant, les choix du cinéaste vont dans le sens du non-découpage : le montage se fait rare, les plans durent et couvrent souvent des séquences entières. Démonstration de pure virtuosité pour Iñárritu qui affirme la toute puissance de sa vision de créateur d’image. Le réalisateur n’opte pas pour une caméra portée, à l’image brute et imprécise et collant à la peau des personnages mais préfère appeler à la contemplation à l’aide de mouvements fluides, amples et d’un sens du cadre et de la composition inné. Quelque chose de véritablement enivrant se crée lorsque la caméra évolue de manière ininterrompue avec l’action, se meut avec aisance autour des acteurs et finit par révéler quelque chose de bien plus majestueux que ce qu’elle laissait soupçonner au départ.

 

Cédant à l’envie d’en mettre plein la vue, le mexicain insère dès les premiers instants du long-métrage une séquence de bataille absolument ébouriffante dont l’ampleur n’est que grandie par ce non-découpage permanent de l’action. Je me dois également de louer l’immense talent du directeur de la photographie: Emmanuel Lubezki. Responsable de l’image atittré d’Iñárritu mais aussi d’Alfonso Cuaron ou de Terence Malick, le chef opérateur mexicain transcende une fois de plus son art. La plastique de l’image est sublime, met en valeur à la fois le froid glacial des étendues neigeuses et le timide réchauffement du soleil et renforce cet appel à la contemplation induit par les choix visuels du cinéaste. Lubezki a déjà gagné l’Oscar de la meilleure photographie les deux années précédentes (pour Gravity et Birdman) mais semble plus que jamais mériter la précieuse statuette pour l’image exceptionnelle de The Revenant.

 

 

J’ai pu lire à de nombreuses reprises des critiques mettant en avant le caractère finalement très vain du film au-delà de sa beauté incontestable. Selon moi, le film ne mérite pas qu’on le résume à cela. A travers ses images, Iñárritu construit avant tout des rapports, à commencer par celui, évident, entre l’Homme et la nature. Trappeur émérite, Hugh Glass se retrouve livré à lui-même au sein d’une forêt enneigée et ne peut se fier qu’à ses instincts les plus primaires pour espérer subsister. Contrairement à ce que l’on pourrait croire au premier abord, The Revenant ne livre pas un traitement terre-à-terre et viscéral de la lutte pour la survie mais tend volontiers vers le mysticisme. Il y a quelque chose de religieux dans la manière dont est filmée la nature, qu’il s’agisse de l’immense forêt entourant Glass ou des nombreuses créatures la parcourant.

 

L’élément naturel est présenté sous son jour le plus terrifiant (l’attaque de l’ours, longue et brutale) mais aussi son plus apaisant, enivrant, comme une force englobante tranquille et absolue. Je suis tenté de rapprocher l’approche d’Iñárritu sur ce film de celle de Malick à partir de La Ligne Rouge, sans la voix off lourdingue. Cette quasi déification de la nature est d’ailleurs mise en résonance avec les pratiques des Américains natifs, vivant en accord avec elle. Quelque part, il y a un vrai contraste entre la brutailté et la violence des péripéties traversées par Glass et cette sérénité ambiante. La musique du japonais Ryuichi Sakamoto, appuyé par le musicien électronique allemand Alva Noto, apporte une touche de mélancolie supplémentaire au ressenti global.

 

Quant aux versants les plus douteux de l’humanité, ils semblent incarnés par le personnage de John Fitzgerald. Avare, lâche et impitoyable, il n’en demeure pas moins terriblement humain. Iñárritu profite de Fitzgerald pour exprimer une critique pas tant à l’égard de la religion qu’envers ceux qui commettent les pires actions en son nom. A côté, la douceur humaine et l’empathie émotionnelle du film passent par les relations que Glass entretiens avec son fils ainsi qu’une brève rencontre avec un Pawnee solitaire. Là où se trouvent peut-être les limites du cinéaste, c’est dans un symbolisme parfois lourdingue, passant surtout par des séquences de rêves et de fantasmes qui manquent hélas de finesse. De même qu’en pinaillant, on pourrait mettre le doigt sur quelques facilités d’écriture qui n’étaient pas indispensables. Après tout, Iñárritu n’est pas forcément réputé pour sa subtilité.

 

 

Difficile de parler de The Revenant sans évoquer son acteur principal, sans doute l’une des plus grosses raisons derrière l’engouement que le film connaît actuellement. Durant le tournage, DiCaprio n’a apparemment reculé devant rien, bravant la météo désastreuse, acceptant de déambuler nu au milieu des forêts canadiennes et même de manger un vrai cœur de bison devant les caméras. Autant dire que Leo aura tout mis en œuvre pour décrocher lui aussi son Oscar tant mérité. Il ne s’agit probablement pas de la performance la plus riche de l’acteur américain, lui qui étalait toute sa palette dans des rôles comme ceux de Calvin Candie (Django Unchained, 2012) ou Jordan Belfort (Le Loup de Wall Street, 2013) revient ici à un jeu plus minimaliste, presque silencieux. Il faudra vous habituer à voir DiCaprio ramper et grogner pendant la majeure partie de son temps à l’écran. Pour autant, l’acteur garde son magnétisme inimitable et parvient à rendre captivante l’épopée glaçante. Les quelques séquences plus intimes, où la relation de Glass avec son fils est mise à nu, suffisent à apporter au film la douceur émotionnelle dont il avait besoin. Je dois cependant avouer avoir été plus impressionné par Tom Hardy, qui trouve ici l’un de ses meilleurs rôles. Froid, charismatique et plus bavard que celui de DiCaprio, il colle à merveille au physique particulier de Hardy et à ses tics de jeu et de parole inimitables.

 

Il y a donc beaucoup de choses à dire sur The Revenant. Ce n’est pas le film vide et poseur que je craignais, l’expérience qu’il propose est vivifiante et véritablement unique, au-delà même de la simple prouesse formelle. Iñárritu semble concrétiser son passage d’auteur mexicain confidentiel à celui de mastodonte du cinéma américain, du même calibre qu’un David Fincher ou un Quentin Tarantino. On ne peut qu’attendre la suite de cette seconde partie de carrière, différente de la première, plus virtuose et grandiloquente, mais toujours portée par l’envie de faire du beau cinéma.

 

 

8,5/10

 

 

Martin

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10 février 2016 3 10 /02 /février /2016 21:57

Ce Deadpool, je le surveillais depuis un petit moment. En projet depuis une dizaine d’années, il promettait de bousculer quelque peu les codes des films de super-héros, comme le fit par la suite Kick-Ass. Mais là où ce dernier se concentrait sur les problématiques d’être un super-héros sans pouvoir, ni force physique, ni gadgets de riche, Deadpool est un mutant (ou presque) comme tant d’autres dans l’univers des X-Men. La principale différence vient de sa personnalité, car rien ne destinait Wade Wilson à faire le bien dans sa vie. Il garde son humour trash et vulgaire, son autodérision, et surtout la conscience d’être dans un film (ou une bande-dessinée, c’est selon). S’il y a bien une chose que les teasers et la campagne de publicité prouvaient, c’était que les personnes impliquées dans ce projet, Ryan Reynolds le premier, avaient compris le potentiel du personnage et comptaient bien l’exploiter. L’occasion était trop belle de faire oublier son apparition dans un X-Men Origins : Wolverine de bien triste mémoire (autant pour les spectateurs que pour l’acteur, qui le jouait déjà).

 

 

Il faut dire que ça commence bien, avec ce générique d’introduction débile à souhait, ne donnant aucun nom mais seulement des indications comme « réalisé par un blaireau surpayé ». Voilà qui donne le ton, et ça continue avec la première scène en taxi.  Là où le bât blesse assez rapidement, c’est une fois qu’on a compris comment le film serait structuré, à savoir par longs flashbacks nous expliquant comment Wade Wilson en est arrivé là. Un mode de narration pas si original que ça, surtout pour une trame tout à fait bateau, disons-le. Dans le genre, Super faisait nettement mieux et se moquait plus cruellement du « héros » qui part dans une quête vengeresse pour sauver sa femme. Reconnaissons que la partie romance initiale est très plaisante ici, entre une première discussion pour le moins inhabituelle et par la suite une poignée de scènes que je n’aurais jamais cru voir dans un film Marvel (pas besoin de spoiler, vous saurez de quoi je parle).

 

J’aurais donc tendance à dire que le tout se tient fort bien pendant la première heure, mais perd paradoxalement en dynamisme et en entrain quand « l’intrigue doit avancer », pour citer un des personnages. On sent les scénaristes à l’aise pour digresser avec des personnages secondaires comme le chauffeur de taxi, sur des situations débiles permettant à Reynolds de se lâcher, mais lorsque l’on revient à la trame et au méchant, le côté barbant et prémâché de nombreux films du genre revient au galop. C’est simple, un personnage comme Deadpool a besoin d’un adversaire qui a du mordant, du charisme, pas un simple sadique sans émotions comme on en a déjà vu des pelletées. Il n’est simplement pas intriguant, pas intéressant, et n’offre aucun potentiel scénaristique au héros à part se moquer de son nom (allez, il y a un gag bien trouvé sur la fin avec ça). On pourrait même arguer que Deadpool n’a pas besoin de vrai « grand méchant » face à lui, surtout si le but est de casser un peu les schémas éculés.

 

Les deux X-Men qui reviennent assez souvent dans le film ne sont pas non plus exploités au mieux, ils donnent surtout l’impression d’être des faire-valoir du héros qui va les charrier en permanence. Le voir se moquer d’un Colossus moralisateur, ou de la demeure des mutants et son professeur, est toujours drôle mais tourne assez rapidement à vide. A nouveau, comme on pouvait le prévoir, la principale qualité du film est d’avoir un héros et même quelques autres personnages tournant en dérision la plupart des situations sérieuses, quitte à en faire des tonnes. C’est à peu près ce que visait Kick-Ass 2, mais il se vautrait complètement dans une vulgarité pénible, une mise en scène fade et une esthétique laide au possible.

 

Sans non plus atteindre le niveau d’un Sam Raimi (on pensera d’ailleurs à son Darkman à plusieurs reprises), Tim Miller nous sert a minima quelque chose de lisible et propre. Les scènes de combat n’impressionneront pas grand monde tant elles sont vues et revues, mais il a le mérite de rester loin du niveau abyssal des frères Russo (Captain America 2 et bientôt 3, pour rappel). Un peu comme pour Ant-Man, c’est un film qui aurait grandement bénéficié d’un type ingénieux et survolté comme Edgar Wright, mais on a envie d’être indulgent vu ce qui nous est proposé d’assez inhabituel à côté du reste. Comme j’ai pu le dire d’autres fois, difficile d’estimer si je suis clément avec ce film à cause d’un contexte morose ou parce qu’il le mérite vraiment. Comme premier film de super-héros de l’année, il s’en sort très honorablement et devrait rester loin d’être le pire, ce qui est bien dommage vu le nombre qu’il en reste.

 

 

6.5/10

 

Arnaud

 

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