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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 18:20

       Partant de la constatation que nous laissions passer des critiques par manque de temps ou d’inspiration pour écrire une critique complète, voici un premier essai de critique en vrac (nom et principe inspiré par le Lieutenant Schaffer, jetez donc un œil à son blog : http://carnetsdulieutenant.blogspot.fr/).

 

 

 

      Mommy, de Xavier Dolan

 

       Pas facile de parler de Mommy, comme il n’est pas facile de parler de Dolan. Le jeune prodige, c’est un peu le personnage qui peut facilement irriter, surtout quand on fait des films aussi stylisés que les siens. Cinq films en cinq ans à seulement 25 ans, non seulement ça rime mais surtout ça impressionne. Surtout quand il ne se contente pas d’être réalisateur, mais également acteur, scénariste, producteur, monteur et j’en passe.

 

 

       Ayant exploré dès son premier film, J’ai tué ma mère, sa jeunesse quelque peu compliquée, il revient au sujet par la fiction avec Mommy. J’avais vu et adoré Les amours imaginaires et Lawrence Anyways parmi ses précédentes réalisations, mais Mommy place la barre un peu plus haut. En si peu de temps, il semblerait que son cinéma a évolué de façon assez significative, devenant plus mature et moins chargé esthétiquement, ce qui pouvait lui être reproché. Il ne se trahit pas non plus, les ralentis avec des choix musicaux parfois surprenants sont toujours là, mais avec peut-être plus de sens. Et surtout, comme dans Lawrence Anyways, le scénario est fort, distillant sur la durée des scènes d’une rare intensité.

 

       Une mère célibataire qui doit réapprendre à vivre avec son fils hyperactif et violent, il est compréhensible que ça ne fasse pas rêver tout le monde, tant ce genre de sujet a pu être abordé au cinéma, et souvent de façon bien lourde et larmoyante. Si Mommy est bouleversant, c’est de maîtrise de son sujet, abordé de façon frontale et toujours juste. Pour prendre un exemple récent, comme avec La vie d’Adèle le film atteint une certaine universalité sans que l’on soit directement concerné par le sujet (qu’Adèle soit lesbienne ou que le garçon soit hyperactif ne sont pas des éléments qui définissent l’histoire). Les joies et les peines, les douleurs, les traumas des relations parents-enfants sont exposés sans fard, sans détour, et vous cueilleront souvent quand vous vous y attendrez le moins.

 

       Parlons rapidement de la technique, avec une utilisation remarquée du format carré 1:1, qui ne manque pas de surprendre au début du film. L’objectif assez clair d’enfermer les personnages dans un cadre resserré, de nous faire ressentir leur étouffement est une réussite, et Xavier Dolan joue avec ce format de façon virtuose à plusieurs reprises. Il tire également le meilleur parti de ses acteurs, que ce soit dans les scènes dures ou plus légères, on oublie vite qu’on est face à un film. Une grande réussite sur tous les plans, on ne peut qu’attendre avec impatience son prochain film.

 

8.5/10

 

 

 

       White Bird, de Gregg Araki
 

       Gregg Araki forme avec Larry Clarke, Harmony Korine et Gus Van Sant un quatuor majeur des réalisateurs américains actuels spécialisés dans l’adolescense. Chacun sa patte bien définie, du frontal, de l’expérimental, de l’éthéré, il y en a pour tous les goûts. Je n’avais vu que Mysterious Skin d’Araki, mais on retrouve immédiatement son goût pour les marginaux, les couleurs flashys et la bonne musique (ici c’est un peu la compilation des meilleurs synthés des années 80, avec Depeche Mode, Talk Talk, Tears for Fears, New Order et j’en passe). Pas difficile avec tout ça de se sentir plongé en 1988.

 

 

       Encore une fois le sujet va être le mal-être adolescent, mais abordé avec un angle assez original qui est celui du thriller. Coïncidence étonnante d’avoir le même mois trois films articulés autour d’une disparition, avec Gone Girl et Horns, et le faisant tous d’une manière radicalement différente. Pas de fantastique, d’examen du couple au scalpel ou de battage médiatique ici, la mère de l’héroïne disparaît, point. On sait dès le début que l’enquête n’a rien donné, et que l’on va plutôt suivre cette fille qui essaie tant bien que mal de se construire après un évènement tragique et surtout resté sans réponse. Il se maintient pourtant de vagues soupçons autour de son père qui donnent une ambiance particulière au film, mais comme dans les deux autres films cités, ils existent surtout parce qu’il est le coupable idéal aux yeux de tous.

 

       Ici aussi les performances d’acteur sont décisives pour emporter l’adhésion à cette histoire somme toute assez simple, et ils ne sont pas en reste. Eva Green bien sûr, on accrochera ou pas du tout à son rôle désormais bien rôdé de femme hautaine et glaciale, à la limite de cabotiner parfois mais semblant se régaler à jouer de cette image. Christopher Meloni est parfait lui aussi dans le rôle du père soumis à sa femme, simple et honnête comme le Ben Affleck de Gone Girl.  De même il est toujours plaisant de revoir Thomas Jane dans un bon rôle, lui qui n’est pas forcément gâté ces dernières années.

       En tout cas il ne faut pas y aller pour voir un thriller, vous risqueriez d’être déçus, mais c’est un bon moyen de découvrir Araki avec un film très accessible, qui sans être majeur reste une agréable surprise.

 

7/10

 

 

 

        John Wick, de David Leitch et Chad Stahelski

 

       Le bon petit thriller d’action (actioner outre-Atlantique), ou le film de vengeance, ne connaissent pas tellement de bons représentants ces dernières années. On a bien Liam Neeson qui mouline des bras et encastrent des têtes dans des murs depuis Taken, mais ça ne vole pas bien haut et c’est surtout hautement redondant. John Wick, c’est le petit dernier qu’on n’a pas tellement vu venir, par des réalisateurs dont c’est le premier film. Les deux sont en effet des cascadeurs aux carrières bien remplies, avec quelques sommets comme Matrix.

 

 

       Retrouvant donc un Keanu Reeves ayant du mal à retrouver une crédibilité depuis la fameuse trilogie, ils s’attachent à créer un film de vengeance à l’ancienne rappelant un certain Payback, ou ce qu’aurait dû être l’adaptation de Max Payne. On retrouve certains similitudes avec l’homme qui a tout perdu (classique je l’admets), la mafia russe, la multitude de personnages secondaires marquants comme la femme fatale également tueuse, et les lieux de fusillade comme la maison, la boîte de nuit et l’église.

 

       Comme dans le jeu d’ailleurs, l’histoire est relativement épurée et va à l’essentiel, les personnages secondaires sont charismatiques et bien définis en quelques lignes de dialogue, les enjeux sont simples et le film ne se perd jamais en sous-intrigues inutiles. La bande-annonce n’était pas mensongère à ce sujet pour une fois, le type était un ancien tueur à gages ultra-efficace, on lui tue son chien, il va tuer des russes (beaucoup). Une des choses les plus appréciables au niveau du scénario est le refus ou le contournement des clichés habituels de ce genre d’histoire, avec par exemple un méchant loin d’être diabolique et sadique, juste froid et professionnel, comme le héros. On évite les longs discours moralisateurs et les « on aurait pu faire tant de grandes choses ensemble ! », ce qui n’est pas pour me déplaire.

 

       Ne nous mentons pas, on va tout de même voir ce genre de films pour leurs scènes d’action, et sur ce point John Wick ne déçoit pas. Il est évident que l’expérience de cascadeurs des réalisateurs a été décisive sur le tournage, chaque combat étant une vraie prouesse de chorégraphie et d’intensité, où l’accent est fortement mis sur l’efficacité, « à la Jason Bourne ». Mine de rien, cela ajoute un vrai quelque chose au film et au personnage, qui ne fait pas dans le détail mais reste pragmatique avec son attirail bien fourni et, ô miracle, un gilet pare-balle. C’est tout con mais on ne voit pas ça souvent, et ça suffit à rappeler qu’il n’est pas un surhomme malgré ses capacités.

 

       Côté Keanu Reeves, il faut bien avouer qu’il est agréable de le voir revenir en forme comme ça et jouer de son image d’acteur inexpressif tout au long du film. Difficile de ne pas voir quelque chose de personnel dans sa réplique "People keep asking if I'm back… yeah, I'm thinking I'm back". Si ce côté bourru fonctionne à fond dans des moments comme celui-là, on sent quand même une certaine limite sur des dialogues plus banals. Rien qui ne gâche le film non plus, mais disons qu’il n’a pas l’ampleur d’un Tom Cruise qui sait transcender des rôles mineurs, par exemple.

 

       Notons enfin une utilisation de la musique assez jouissive, entre morceaux bien dynamiques pour les scènes d’action et une utilisation judicieuse de chansons comme une inédite de Marylin Manson, collant parfaitement à l’ambiance du film. A l’arrivée on a un bon divertissement sans prétentions de révolutionner le genre, mais qui ne prend pas ses spectateurs pour des jambons, c’est toujours appréciable (Luc, si tu me lis).

 

7/10

 

Arnaud

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